Originaire du Centre de la Côte d’Ivoire (Bouaké), le jeune artiste-peintre contemporain, Yao Franck Kouassi Salomon est né en 1999 à Yabayo, dans la région de la Nawa. Il choisit comme nom d’artiste « Yaofranck“ question de rendre hommage à son père parti trop tôt.
Yaofranck passe son enfance à Soubré, là où il effectue ses études primaires et secondaires jusqu’en 2015. Amoureux de l’art, il décide d’intégrer le Lycée d’Enseignement Artistique (LEA) à Abidjan-Cocody où il obtient un BAC H 1. Il poursuit son cursus en s’inscrivant à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts (ENBA) d’Abidjan de là, il ressort avec une licence en art mural.
Son expérience avec le monde extérieur n’a pas été toujours facile avec une enfance troublée par plusieurs événements, notamment les crises socio-politiques, pendant ces périodes il a pu observer des dégâts causés par l’homme, notamment l’immoralité, l’excès de l’individualisme. « Voilà les mots qui dénoncent au mieux les maux de ma société. » s’insurge l’artiste
Dans le souci de participer à l’équilibre sociale de l’humanité, il invite les uns et les autres à une prise de conscience en exploitant les attributs du » BAGNON « . «BA» signifie «beau» et «GNON» «homme » étymologiquement cela veut dire «BEL HOMME».
« Pour moi, l’homme constitue l’essence de la société dans laquelle nous vivons et l’art devrait servir à faire évoluer les mentalités, parce que l’évolution avant qu’elle ne soit physique, est mentale. C’est en cela que je « bagnontise » l’humanité en exploitant ma culture. », Explique Yaofranck
Sa recherche artistique est axée sur deux pratiques différentes déclinées en deux séries d’œuvres. La première est intitulée « introspection « . Ici, il utilise comme matériau la peinture acrylique principalement mais aussi la peinture à huile, les filets, etc
Yaofranck fait le choix d’utiliser la technique de la « PATATO GRAVURE » en peinture. « Cette technique consiste à utiliser la patate comme matériel principal de réalisation de mes œuvres. Je grave dans la patate les formes qui apparaissent sur les ovoïdes du raphia en Afrique et ces fruits sont utilisés comme des colliers du ‘’Bagnon’’ dans le but de créer de la texture. En tant que plasticien, j’imite le graphisme qui apparaît sur les ovoïdes que je grave dans une pomme que j’utilise ensuite sous forme de tampon pour réprésenter des personnes anonymes dans le but d’indexer tout individu en face de mon travail et souvent des personnages masqués par le « Gla » (masque du peuple Bété) afin de valoriser mon identité africaine et affirmer mes origines pour répondre à cette question de crise identitaire. », Commente-t-il
Il poursuit en disant que « Si le ‘’Bagnon’’ est une institution traditionnelle qui a pour but de célébrer et valoriser la beauté, face à cette réalité je me pose la question de savoir qu’est-ce qui serait la véritable beauté de notre société actuelle ? Suite à ces questionnements je me permets d’interroger la beauté humaine dans mes œuvres. La deuxième, est celle que je dédie à mes expériences dans les rues de babi le « Street Bagnon ». Ici je m’exprime sur de plus grand support de préférence les murs en exploitant la force physique et esthétique corporelle du ‘’Bagnon’’. J’utilise les bombes de couleur, l’acrylique, le compresseur et les filets en vue de laisser un certain graphisme sur mes personnages. »
Yaofranck souligne que le fond du tableau est constitué d’une couche en filigrane du masque ‘’Gla’’ et revient sur ce fond avec des personnages masqués en exploitant l’aspect physique et esthétique morphologique du BAGNON.
Toussaint Konan