Le Fonds monétaire international (FMI) a sonné l’alarme, ce vendredi 13 septembre sur l’état de l’économie sénégalaise. Lors de sa visite à Dakar, une équipe du FMI, dirigée par Edward Gemayel, a mis en avant un ralentissement préoccupant de la croissance au cours du premier semestre 2024. Avec une croissance du PIB réel de seulement 2,3% au premier trimestre, l’économie peine à retrouver son dynamisme, particulièrement dans les secteurs clés tels que les mines, la construction et l’agro-industrie.
L’inflation, quant à elle, a ralenti pour atteindre une moyenne de 2,2%, ce qui est encourageant, mais les difficultés budgétaires persistent. Les recettes de l’État ont diminué, tandis que les dépenses, notamment les subventions énergétiques et les paiements d’intérêts, ont explosé. Résultat : le déficit budgétaire s’est aggravé, atteignant des niveaux bien supérieurs aux prévisions. L’institution monétaire estime qu’il pourrait dépasser 7,5% du PIB d’ici la fin de l’année, une situation loin de l’objectif initial de 3,9%.
Pour éviter une dérive budgétaire plus grave, le Fonds recommande des réformes urgentes. Parmi les priorités, la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées, jugées coûteuses et inefficaces. Ces subventions, tout en soulageant temporairement les consommateurs, pèsent lourdement sur les finances publiques. “Des réformes fortes sont nécessaires pour ramener le déficit sous contrôle et stabiliser la dette publique”, a déclaré Edward Gemayel à la fin de la mission.
Les autorités sénégalaises se disent prêtes à agir. Elles ont réaffirmé leur engagement à rationaliser les exonérations fiscales et à mettre en œuvre des réformes pour améliorer la situation financière du pays. Toutefois, le chemin s’annonce difficile. La dette publique reste au-dessus du seuil critique de 70% du PIB, fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Au-delà de la gestion budgétaire, des efforts sont également nécessaires dans d’autres domaines. Le secteur énergétique, notamment, est sous pression. Le FMI appelle à une révision de la tarification des produits pétroliers et à une meilleure gestion de la société nationale d’électricité, SENELEC. L’objectif est d’assurer la viabilité financière de l’entreprise tout en protégeant les ménages vulnérables grâce à un tarif social.
En dépit de ces défis, le gouvernement sénégalais reste confiant. Un audit général sur les finances publiques est en cours de finalisation, et les autorités espèrent que ses recommandations permettront de remettre l’économie sur les rails. Elles ont également pris des mesures pour renforcer la transparence et la gouvernance, des éléments essentiels pour restaurer la confiance des partenaires économiques.
La mission du FMI a été l’occasion de discussions approfondies avec les représentants du gouvernement sénégalais, notamment le Premier ministre Ousmane Sonko et le ministre de l’Économie, Abdourahmane Sarr. Les conclusions de cette visite seront cruciales pour la suite des négociations prévues en octobre 2024.