La Côte d’Ivoire repositionne sa stratégie sécuritaire. Abidjan a officiellement demandé aux États-Unis l’autorisation d’accueillir de manière permanente deux avions de reconnaissance américains sur son sol, selon des informations confirmées par l’agence Reuters. Cette requête marque une étape supplémentaire dans l’évolution du dispositif régional de surveillance face aux groupes jihadistes actifs dans le Sahel.
Le nord ivoirien est devenu un point de vigilance prioritaire. Depuis plusieurs années, les services de renseignement ouest-africains constatent une pression croissante des groupes affiliés à Al-Qaïda, qui cherchent à s’étendre vers le golfe de Guinée. Cette dynamique pousse Abidjan à renforcer sa capacité d’anticipation, notamment grâce au renseignement aérien. L’État ivoirien veut sécuriser une zone frontalière exposée, tout en consolidant le contrôle du corridor qui relie le Sahel aux côtes atlantiques.
La demande adressée à Washington s’inscrit dans un contexte géopolitique profondément transformé. En 2024, le gouvernement nigérien a exigé le départ des forces américaines de la base aérienne d’Agadez, infrastructure clé du dispositif de surveillance américain dans le Sahel. À la suite de ce retrait, deux avions de reconnaissance avaient été redéployés temporairement en Côte d’Ivoire avant de quitter le pays début 2025. Depuis, les États-Unis ne disposent plus d’une plateforme majeure de renseignement dans la région sahélienne.
Pour Abidjan, cette absence crée une opportunité stratégique. Selon Reuters, les deux pays se sont entendus sur l’importance de renforcer la sécurité régionale, même si les détails opérationnels restent en négociation. Le type exact d’appareils concernés, la durée du stationnement ou le calendrier de mise en œuvre n’ont pas encore été précisés. L’administration américaine ne prendra une décision définitive qu’en 2026. À ce stade, les discussions portent strictement sur une mission de surveillance : il n’est pas question d’opérations de combat.
Cette recomposition intervient alors que les forces occidentales réajustent leurs positions en Afrique de l’Ouest. Des unités françaises demeurent présentes en Côte d’Ivoire dans le cadre de la coopération bilatérale. Le 7 décembre, une composante des forces spéciales françaises a été redéployée vers le Bénin pour appuyer le gouvernement face à une tentative de mutinerie. Paris a également envoyé un avion de reconnaissance pour renforcer la surveillance aérienne béninoise. Ce mouvement illustre la multiplication des ajustements militaires dans la région, chacun cherchant à maintenir un équilibre sécuritaire devenu plus fragile.
En accueillant des appareils américains dédiés au renseignement, la Côte d’Ivoire renforcerait sa position de partenaire fiable des puissances occidentales, au moment où l’Afrique de l’Ouest traverse une phase de recomposition diplomatique. Abidjan veut consolider son rôle de hub sécurisé dans le golfe de Guinée et s’assurer une meilleure visibilité sur les menaces transfrontalières. Dans une région où les alliances évoluent rapidement, investir dans le renseignement devient un moyen de peser davantage.
La décision finale reviendra à Washington. Mais une chose est déjà acquise : la Côte d’Ivoire mise sur l’anticipation pour maintenir sa stabilité. Dans un environnement où l’information vaut autant que la force, Abidjan entend s’assurer un avantage stratégique durable.
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