Au Nigéria, une récente décision de justice a ordonné au gouvernement de fixer les prix de certaines denrées alimentaires, suscitant des débats sur l’intervention étatique dans l’économie de marché. La Commission fédérale de la concurrence et de la protection des consommateurs (FCCPC) a réagi dans un communiqué publié ce vendredi 9 février 2024, affirmant que la régulation des prix est une pratique inhabituelle dans une économie de marché et qu’elle préconise la libre concurrence.
La FCCPC a souligné sa volonté d’agir sur la base de données empiriques dans des cas exceptionnels, tout en reconnaissant les préoccupations légitimes des consommateurs et des entreprises confrontées à une augmentation des prix alimentaires. Travaillant de concert avec d’autres acteurs, elle s’engage à trouver des solutions contre les pratiques abusives dans la chaîne de distribution alimentaire.
S’appuyant sur un atelier multipartite visant à recueillir des informations sur les activités anticoncurrentielles, la FCCPC encourage le public à signaler toute pratique illégale affectant les prix alimentaires via son portail dédié. En outre, elle avertit les entreprises contre les pratiques abusives et les menace de sanctions juridiques rapides et sévères, affirmant son engagement à protéger les intérêts des consommateurs et à garantir une saine concurrence.
La montée des prix alimentaires au Nigeria découle de multiples facteurs, dont une inflation soutenue, l’insécurité, la fermeture des frontières et des tensions commerciales régionales. L’inflation a érodé le pouvoir d’achat des ménages et alourdi le coût des intrants agricoles, tandis que l’insécurité a entravé la production agricole et perturbé l’accès aux marchés, particulièrement dans le nord du pays. La fermeture des frontières, mise en place depuis août 2019 pour contrer la contrebande, a engendré des pénuries de produits de base tels que le riz et le maïs, tout en affectant les échanges commerciaux avec les pays voisins de la CEDEAO.
Par ailleurs, la décision des commerçants du nord de suspendre le transport de denrées alimentaires vers le sud en février 2023 a exacerbé la situation, accentuant les tensions politiques et économiques entre les régions. Cette décision, motivée par des revendications politiques et des préoccupations sécuritaires, a été levée après des négociations avec le gouvernement fédéral.
Ces facteurs combinés ont rendu les aliments nutritifs inabordables pour de nombreuses familles, en particulier dans les zones rurales et les régions touchées par les conflits.