Samedi dernier, des milliers de manifestants se sont rassemblés au Jardin Jean-Paul-L’Allier à Québec pour exiger l’abolition des permis de travail fermés au Canada. Organisée par divers groupes syndicaux et communautaires, la manifestation visait également à mettre en avant la nécessité d’un programme de régularisation des personnes sans-papiers, une mesure que le gouvernement fédéral avait annoncée pour la première fois en 2022.
François Proulx Duperré, secrétaire général au Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches, a exprimé l’indignation des manifestants : « Nous demandons haut et fort l’abolition des permis de travail fermés. Nous voulons mettre la pression sur le gouvernement fédéral qui a annoncé un programme de régularisation des sans-papiers il y a plus d’un an, mais depuis, nous n’avons aucune nouvelle concrète. »
Une plainte majeure soulevée lors de la manifestation était l’impact des permis de travail fermés sur la vulnérabilité des travailleurs étrangers. Ces permis les lient à un employeur spécifique, les plaçant ainsi dans des situations précaires et les rendant dépendants de leur employeur. Selon M. Duperré, cela engendre des injustices flagrantes et les maintient dans des conditions d’inégalités choquantes par rapport aux autres travailleurs.
L’Association pour les droits des travailleurs de maison et de ferme (DTMF) a pris des mesures légales en déposant une demande d’action collective à la Cour supérieure du Québec pour contester les permis de travail fermés. Cette action judiciaire a été entreprise pour dénoncer le lien injuste entre les travailleurs étrangers et un employeur spécifique.
Un témoignage lors de la manifestation a été celui d’Hans Bérard, un travailleur d’Olymel à Vallée-Jonction, dont l’usine d’abattage de porcs est sur le point de fermer ses portes. Bérard, originaire de l’île Maurice et installé en Beauce depuis deux ans, possède un permis de travail fermé. Il a exprimé son anxiété face à l’incertitude de son avenir professionnel, surtout après avoir reçu une proposition de réaffectation dans une autre usine d’Olymel. Cette proposition impliquerait un changement radical de sa vie quotidienne, passant d’une maison à une colocation avec d’autres travailleurs.