Les récents rapports du Fonds monétaire international (FMI) révèlent des perspectives économiques positives pour les trois membres de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) : le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Malgré les crises sécuritaires et politiques qui frappent la région, ces pays pourraient enregistrer des taux de croissance significatifs entre 2023 et 2025.
Au Niger, la croissance économique devrait passer de 2,4% en 2023 à 9,9% en 2024, avant de se stabiliser à 7,3% en 2025. Cette forte progression s’explique par l’exploitation accrue des ressources pétrolières et minérales, en particulier avec la mise en service de l’oléoduc reliant ses champs pétroliers à la côte béninoise. Ces infrastructures nouvelles et l’exportation de pétrole contribueront largement à cette accélération.
Le Burkina Faso, malgré l’instabilité politique liée aux coups d’État successifs et une crise sécuritaire persistante, affiche des prévisions économiques relativement solides. Après une croissance modeste de 3,1% en 2023, elle devrait atteindre 5,5% en 2024, puis 5,8% en 2025, portée principalement par le secteur minier, notamment l’extraction de l’or, qui demeure une source clé de revenus pour le pays.
Le Mali, quant à lui, enregistrera une croissance plus modérée avec 4,4% en 2023, une légère baisse à 3,8% en 2024, avant de remonter à 4,4% en 2025. Bien que le pays soit riche en ressources minières, la situation sécuritaire et politique freine son potentiel économique. Toutefois, le Mali montre des signes de résilience économique malgré ces contraintes.
En comparaison, certains autres pays d’Afrique de l’Ouest présentent des trajectoires légèrement différentes. La Côte d’Ivoire, qui bénéficie d’une stabilité politique relative et d’une économie diversifiée, devrait afficher une croissance de 6,5% en 2024, avant de se stabiliser à 6,4% en 2025. Le pays continue de bénéficier d’investissements massifs dans les infrastructures et les services, ce qui contribue à maintenir cette dynamique.
Le Sénégal, pour sa part, devrait enregistrer une croissance de 6,0% en 2024, grâce aux découvertes récentes de pétrole et de gaz, qui jouent un rôle crucial dans l’accélération de son développement économique. Contrairement aux pays du Sahel, le Sénégal a réussi à diversifier ses sources de revenus, ce qui renforce la résilience de son économie.
D’autres grandes économies ouest-africaines, comme le Nigeria et le Ghana, connaissent des prévisions plus modestes. Le Nigeria, la plus grande économie du continent, devrait connaître une croissance limitée à 2,9% en 2024, tandis que le Ghana, confronté à des difficultés liées à une dette croissante, devrait enregistrer une croissance de 3,1%.
Les prévisions optimistes pour les États de la Confédération de l’AES sont incontestablement positives, mais la concrétisation de cette trajectoire de croissance dépend de nombreux facteurs. Le Niger devra veiller à protéger ses nouvelles infrastructures pétrolières des menaces terroristes, tandis que le Mali et le Burkina Faso devront stabiliser leurs gouvernements et sécuriser leurs industries minières. Si ces pays parviennent à surmonter ces défis, ils pourront transformer cette croissance en développement durable.
Le FMI anticipe donc une forte dynamique de croissance pour ces États, mais cette trajectoire reste fragile. Les réformes politiques et économiques, ainsi que l’amélioration des infrastructures et de la sécurité, seront essentielles pour que ces économies puissent maintenir ce rythme et prospérer sur le long terme.