À Issia, la vente illicite de manuels scolaires dans les établissements publics suscite la colère des libraires locaux. Rassemblés en assemblée générale le 29 octobre dernier, les membres de la section locale de l’Association des Libraires et Détaillants de Livres de Côte d’Ivoire (ALDLCI) ont pointé du doigt une concurrence qu’ils jugent déloyale. Ils accusent certains enseignants de vendre eux-mêmes les livres scolaires directement dans les écoles, une activité normalement réservée aux libraires.
Selon Marcel Yeo, porte-parole des libraires, cette pratique a pris de l’ampleur cette année, affectant tant les établissements primaires que les lycées. « Partout, des enseignants se substituent aux libraires en vendant eux-mêmes les ouvrages scolaires directement dans les établissements », dénonce-t-il. Cette situation, déjà signalée aux autorités locales l’an dernier, s’aggrave, créant une concurrence directe avec les libraires qui, eux, sont soumis à des taxes municipales et nationales.
Les libraires affirment que dans plusieurs écoles, notamment à l’Inspection primaire Issia 2, les manuels sont remis aux directeurs, qui les vendent aux élèves et aux parents. Ce commerce parallèle semble être encouragé, car, dans les lycées, des kiosques installés près des établissements servent de points de vente officiels, avec l’aval des enseignants. « Chaque professeur oriente les élèves vers ces kiosques, affirmant que seuls ces endroits disposent des livres au programme », explique Marcel Yeo.
Au lycée municipal d’Issia, la situation est encore plus préoccupante : une baraque installée à l’entrée sert de point de vente unique pour les romans au programme. Les familles sont donc obligées de s’y rendre, faute d’autres options, ce qui indigne les libraires. « Nous, libraires, payons des taxes pour exercer notre activité, tandis que des enseignants, en position d’autorité, se transforment en revendeurs de manuels », s’insurge M. Yeo.
Malgré leurs nombreuses alertes adressées à la direction régionale de l’Éducation nationale, les libraires disent n’avoir reçu aucune réponse, laissant le phénomène s’intensifier. « Cette situation est insoutenable, et les autorités doivent réagir », conclut Marcel Yeo, réclamant une stricte régulation de la distribution des manuels scolaires dans les établissements d’Issia.
Pour les libraires, le statu quo menace leur activité, mais également l’équité et la transparence de la distribution des ressources éducatives. Ils espèrent qu’une action rapide sera prise pour rétablir un marché équitable et protéger les intérêts des libraires locaux, légitimes acteurs du secteur du livre en Côte d’Ivoire.