C’est une avancée médicale majeure qu’ont réalisée des chirurgiens américains. Fin juillet, ils ont transplanté avec succès un rein de porc génétiquement modifié sur un patient en état de mort cérébrale. Et plus d’un mois après l’opération, l’organe continue de fonctionner normalement, une première mondiale. C’est à ce jour la durée de transplantation la plus longue pour une xénogreffe de rein de porc. L’expérience se poursuit et pourrait ouvrir la voie à des essais cliniques.
Menée à l’hôpital NYU Langone de New-York, cette transplantation inédite ouvre la voie à l’utilisation d’organes de porc chez l’être humain, dans le but de pallier le manque criant de dons d’organes. Car si plus de 100.000 Américains sont en attente d’une greffe, seul un tiers d’entre eux y parviennent, les autres décédant souvent avant.
Des avancées prometteuses mais des défis persistants
La dernière transplantation réussie d’un rein de porc aux Etats-Unis n’est pas le premier essai du genre. Depuis plusieurs années, les équipes médicales multiplient les tentatives pour faire progresser la technique des xénogreffes. Malgré des résultats encourageants, d’importants défis demeurent.
En septembre 2021, déjà à New York, le chirurgien Robert Montgomery avait opéré avec succès le premier patient recevant un rein de porc. L’organe avait fonctionné 5 jours avant d’être retiré pour analyse, un résultat prometteur.
Quelques mois plus tôt en juillet, une tentative pionnière avait été menée par des scientifiques de l’université du Maryland sur un patient en état de mort cérébrale. Mais le rein porcin n’avait survécu que deux mois.
En 2017, une équipe de l’université d’Alabama avait également greffé avec succès un rein de porc génétiquement modifié sur un babouin pendant 9 mois, démontrant la faisabilité de la technique.
Si ces essais démontrent la capacité des reins de porc à fonctionner à court terme, la barrière immunitaire reste le principal obstacle à surmonter pour parvenir à une greffe durable. C’est tout l’enjeu des recherches qui se poursuivent de part le monde.
Beaucoup d’espoir pour les malades
Pour éviter le rejet immédiat, les scientifiques ont modifié génétiquement le porc donneur afin d’éliminer des agents pathogènes, et greffé aussi son thymus, glande qui aide le corps à accepter le greffon comme le sien. Depuis, les analyses révèlent que le rein porcin remplace parfaitement toutes les fonctions de son homologue humain.
La sœur du défunt dont le corps a servi à cette étude pionnière se dit fière que sa mort aide d’autres vies. L’équipe médicale espère désormais passer aux essais cliniques sur patient vivant. Car grâce à cette technique, l’approvisionnement en organes pourrait devenir illimité.
Cette prouesse scientifique ouvre la voie à de nouvelles espérances pour les milliers de malades en attente d’une greffe. Mais la route reste longue avant la généralisation des xénogreffes…