À la veille de l’élection présidentielle ivoirienne de 2025, une fausse publication attribuée à Abidjan.net annonçant des résultats fictifs a semé la confusion sur les réseaux sociaux. Face à ces résultats fictifs largement relayés, il est essentiel de rappeler comment les votes sont réellement comptés et comment les résultats officiels sont publiés.
À la fermeture des bureaux de vote, les agents désignés par la Commission électorale indépendante (CEI) procèdent au dépouillement in situ, en présence des représentants des partis politiques, des observateurs accrédités et parfois d’électeurs témoins.
Selon le guide de l’observateur électoral, mis à la disposition du public par la CEI, les bulletins sont extraits de l’urne, comptés, triés (exprimés, blancs, nuls) et consignés dans un procès-verbal affiché publiquement.
Le dépouillement des votes est « le processus le plus transparent », selon Thierry Nessemon, observateur auprès de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH). Ainsi, à la suite de cet exercice, l’affichage du résultat local de ce dépouillement vise à assurer que chaque citoyen puisse vérifier la concordance entre ce qui a été annoncé et ce qui figure dans le procès-verbal officiel, selon le guide de l’observateur électoral.

Centralisation et publication : du local au national
Le guide de la CEI fait savoir qu’une fois les résultats de chaque bureau affichés, ceux-ci sont transmis aux instances locales de la CEI puis vers une plateforme de centralisation. À ce stade, la CEI élabore les résultats provisoires fondés sur les procès-verbaux transmis.
Ensuite, après les dépouillements au niveau de la CEI, la publication officielle par le Conseil constitutionnel clôture le processus de comptage et marque la reconnaissance institutionnelle de l’élection. Il est de son ressort de proclamer de manière définitive les résultats de l’élection, note le guide de l’observateur électoral.
Vérification par les observateurs et les représentants
Pour s’assurer de l’intégrité pleine de la période suivant le vote, plusieurs acteurs gouvernementaux et indépendants interviennent à des fins d’observation et de vérification.
En effet, le guide de l’observateur électoral de la CEI fait remarquer qu’il y a les représentants des partis présents dans les bureaux de vote, qui veillent à la bonne tenue des opérations. Les missions d’observation nationales ou internationales examinent non seulement le vote, mais aussi la phase de comptage et de centralisation. Leur rôle est de garantir que les chiffres ne proviennent pas uniquement d’un bureau éloigné, mais s’appuient sur des copies accessibles et vérifiables.
Distinguer les résultats officiels des rumeurs
Dans un contexte électoral, les rumeurs peuvent se propager, que ce soit en termes de chiffres non vérifiés, de résultats partiels ou d’annonces informelles.
Drissa Soulama, coordonnateur national du Forum de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (FOSCAO-CI), a expliqué à la Coalition Anti-Dohi quels sont les indices d’un résultat fiable sur les élections. « Un bon résultat, note-t-il, est un résultat issu d’un bureau et qui a suivi le processus de validation ».
« En effet, tout résultat issu d’un bureau de vote doit être inscrit sur un PV (procès-verbal, NDLR) avec la signature du président du bureau de vote, celle des représentants des candidats présents ainsi que des scrutateurs. C’est ce PV qui va subir le processus de validation du bureau de vote jusqu’à la proclamation par la commission centrale », indique Drissa Soulama.
En outre, notons qu’il est également important de se référer aux sources officielles, telles que les communications de la CEI ou du Conseil constitutionnel. Ce dernier est la seule instance habilitée à communiquer les résultats officiels d’une élection.
Les documents publics, les affichages des résultats dans les bureaux de vote et la publication des procès-verbaux sont aussi des preuves de la légitimité du scrutin. Un résultat diffusé par des structures non habilitées – comme ceux publiés par Abidjan.net à quelques heures de l’élection présidentielle – ou en dehors du calendrier annoncé, doit ainsi être pris avec prudence. Soulignons tout de même, qu’Abidjan.net a dit que cet incident provenait d’« une erreur d’affichage » et d’« un dysfonctionnement technique survenu lors des opérations de mise à jour » à l’occasion des « essais internes » sur sa plateforme des résultats de l’élection présidentielle de 2025.
Comme rappelé dans cet article publié par Africa Check dans le cadre des travaux de la Coalition Anti Dohi, « les dispositions du Code électoral ivoirien interdisent clairement toute publication de sondages et de résultats de vote après la publication des listes électorales définitives. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la double mise en garde par la Commission électorale indépendante (CEI) visant les personnes et médias enfreignant la loi électorale à travers la publication de résultats de vote de sondage en période électorale ».
Via AIP