Washington a annoncé ce vendredi 23 février sa plus importante salve de sanctions depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Des sanctions qui ciblent plus de 500 personnes et organisations de différents pays, également en réponse à la mort de l’opposant Alexeï Navalny, il y a une semaine.
« Il faut que Vladimir Poutine paye un prix élevé pour son agression contre l’Ukraine. » C’est ce qu’écrit ce vendredi matin Joe Biden, une semaine après la mort d’Alexeï Navalny et à la veille du deuxième anniversaire du début de la guerre en Ukraine. Le communiqué de la Maison Blanche a été publié très tôt ce matin, annonçant le plus gros train de sanctions prises jusqu’ici par le pays contre la Russie, raconte notre correspondante à New York, Loubna Anaki.
En tout, 500 nouvelles sanctions visent des entreprises de 26 pays, des personnes de 11 pays, parmi lesquels la Chine ou l’Allemagne, et concernent le secteur de la finance russe, l’industrie de la défense, différents individus soutenant Moscou, mais aussi des personnalités liées à l’emprisonnement de l’opposant Alexeï Navalny, décédé il y a une semaine.
L’annonce de cet arsenal de nouvelles sanctions intervient d’ailleurs au lendemain de la rencontre de Joe Biden avec l’épouse et la fille du défunt russe. Dans le détail, trois responsables russes font partie des personnes ciblées par les États-Unis pour leur implication dans ce décès, a aussi indiqué le département d’État. Cela porte à plus de 4 000 le nombre d’entités visées par les sanctions américaines depuis le début de la guerre.
Sanction du système de paiement Mir
L’objectif de ces blâmes : limiter les ressources financières dont dispose le Kremlin pour financer la guerre. Également ciblé : le système russe de paiement Mir, dont le développement « a permis à la Russie de construire une infrastructure financière qui lui permet d’échapper aux sanctions et de reconstituer les liens rompus avec le système financier international », selon le département américain du Trésor.
Développées en 2015 face aux sanctions des Occidentaux après l’annexion de la Crimée en 2014, ces cartes Mir permettent en effet aux Russes d’effectuer des règlements et de retirer de l’argent dans certains pays étrangers.
Washington vise ainsi « les personnes situées en dehors de la Russie qui facilitent, orchestrent, participent ou soutiennent de toute autre manière le transfert de technologies et d’équipements critiques vers la base militaro-industrielle russe », a aussi détaillé le département du Trésor dans un communiqué. Parmi la longue liste, sont concernées des entreprises technologiques des secteurs des semi-conducteurs, de l’optique, des drones, ou encore des systèmes d’information, et même un institut de mathématiques appliquées.
L’Ukraine « a besoin de l’aide des États-Unis »
Le président américain a également présenté de nouvelles restrictions d’exportation visant une centaine d’entités qui permettaient à la Russie de contourner les sanctions déjà en place. Car malgré la multitude de sanctions occidentales, la Russie a enregistré une croissance de 3,6% de son PIB en 2023, grâce aux commandes de munitions et d’armements.
Dans le même communiqué, Joe Biden salue toutefois le courage des Ukrainiens qui « se battent avec détermination pour leur pays et leur liberté ». Mais il met en garde contre le fait que Kiev manque d’armement et de munitions. « Ils ont besoin de l’aide des États-Unis pour résister face à la Russie », insiste le président démocrate, qui appelle ainsi son Congrès à voter l’aide militaire, pour l’instant toujours bloquée par les Républicains à la Chambre des Représentants.
De son côté, la Russie a qualifié ces nouvelles sanctions américaines d’ingérence « cynique », destinée à diviser les Russes avant la présidentielle de la mi-mars qui doit voir Vladimir Poutine réélu triomphalement. « Les nouvelles restrictions sont une nouvelle tentative éhontée et cynique de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Russie, de nous forcer à renoncer à nos intérêts vitaux, de diviser la société russe à la veille […] de l’élection présidentielle », a dénoncé l’ambassadeur aux États-Unis, Anatoli Antonov, cité par l’agence d’État russe Tass.
Via AFP