Le franc CFA devient une devise prisée au Ghana et au Nigeria

Le franc CFA, une devise souvent entourée de controverses dans son pays d’origine, suscite un intérêt croissant au Ghana et au Nigeria, offrant une stabilité de convertibilité en contraste avec la dépréciation du naira nigérian et du cedi ghanéen. Bien que ces deux pays représentent ensemble 60% du PIB de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la perception du franc CFA en tant que devise stable gagne du terrain, malgré certaines critiques considérant cette monnaie comme un symbole de la domination économique française.

Facilité de conversion

Dans la capitale ghanéenne, Accra, l’aéroport témoigne de ce phénomène, où le premier bureau de change offre un taux de conversion proche de celui du dollar américain pour 1000 francs CFA. Au Nigeria, la demande pour la monnaie de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est encore plus marquée en raison de la faible disponibilité de liquidités en nairas et de la dépréciation de la monnaie locale. Dans les bureaux de change de Lagos, 1000 francs CFA peuvent rapporter jusqu’à 1875 nairas.

Ce regain d’intérêt pour le franc CFA dans ces deux économies majeures de la CEDEAO s’explique principalement par la facilité de conversion et la stabilité relative de sa valeur. Le paradoxe réside dans le fait que le Nigeria et le Ghana, représentant ensemble près de 250 millions d’habitants, soit environ 60% de la population de la CEDEAO, voient la valeur du franc CFA prendre de l’ampleur malgré les prévisions de recul du PIB nigérian à 394 milliards de dollars en 2024, selon le FMI.

Le franc CFA beaucoup plus stable

La stabilité relative du franc CFA contraste vivement avec la chute du cedi ghanéen et du naira nigérian, ces derniers ayant perdu jusqu’à 90% de leur valeur face au dollar américain, tandis que le franc CFA a connu une dépréciation limitée à 19%. Face à l’euro, la monnaie de la zone franc CFA est demeurée stable, contrairement au cedi et au naira qui ont chuté de plus de 79% en moyenne.

Cette appréciation relative du franc CFA a des conséquences notables sur les prix dans les villes frontalières des pays de l’UEMOA. Le pouvoir d’achat plus élevé qu’il représente par rapport aux monnaies du Nigeria et du Ghana crée des distorsions des prix, impactant particulièrement les populations rurales aux revenus limités et peu évolutifs.

Cependant, malgré l’impact économique significatif de cette dynamique, aucune indication n’indique que les banques centrales des trois zones économiques (UEMOA, Nigeria, et Ghana) coopèrent sur cette question.

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