Dans les maquis d’Abidjan et dans les grandes villes, on observe des jeunes pliés en deux, semblant dormir debout, avec des yeux révulsés ou effrayés. Certains restent courbés sans bouger, tandis que d’autres marchent de manière désarticulée, comme des zombies. Pire encore, certains se cognent la tête contre des poteaux électriques ou des murs. Cette scène tragique se déroule en Côte d’Ivoire.
Ces jeunes sont victimes de la nouvelle drogue appelée « Kadhafi », du nom de l’ancien président libyen. Elle est également connue sous d’autres noms tels que « 225 », « Capitaine Béret Rouge » ou « Trèmou-Trèmou ». À la base, ce n’est pas une drogue, mais un mélange de plusieurs substances. Le commissaire divisionnaire de la police des stupéfiants et des drogues, Touré Mabonga, explique que c’est une préparation obtenue en mélangeant des médicaments détournés de leur usage officiel avec de l’eau ou de l’alcool pour obtenir une sensation puissante.
Pour fabriquer cette substance toxique, les jeunes mélangent du Tramadol, un médicament prescrit pour soulager la douleur, avec une boisson énergisante alcoolisée à 18 % appelée Vody. Le Vody, conditionné dans des canettes, est vendu à 500 francs CFA dans les buvettes, tandis que les comprimés de Tramadol sont vendus clandestinement aux jeunes par des commerçantes. Lorsque ce mélange est consommé, le corps du consommateur s’affaiblit, entraînant un état de somnolence ou d’immobilité, accompagné de vertiges et d’hallucinations.
Cette drogue est devenue une tendance virale parmi les jeunes, et certains ont même créé un concept musical immoral sur les réseaux sociaux : « Je veux wôrô mon Kadhafi », ce qui signifie « Je suis prêt à relever le défi de consommer la drogue Kadhafi ».
La Police Nationale sensibilise les jeunes sur les réseaux sociaux avec un langage Nouchi similaire : « Tu veux wôrô ton Kadhafi ? Kaba va te wôrô », ce qui signifie que si vous consommez la drogue Kadhafi, vous finirez en prison.
Pour lutter contre ce phénomène, chacun doit jouer son rôle. La police doit rester vigilante, sensibiliser et démanteler les réseaux de drogue. Les gouvernants doivent créer des conditions propices à une éducation de qualité. Les ONG peuvent contribuer à sensibiliser les jeunes et à promouvoir des valeurs positives. Les parents, enfin, ont la responsabilité première de l’éducation de leurs enfants, une mission qui doit être accomplie avec courage.