A 31 ans, Zouléhia Dabonné Abzetta participe à ses troisièmes JO après Rio 2016 et Tokyo 2020. Eliminée d’entrée lors des deux précédentes éditions, l’Ivoirienne rêve d’une médaille à Paris. Rencontre avec une ambitieuse qui débute, ce lundi 29 juillet 2024, au Grand Palais.
“ Zouléhia, comment vous sentez-vous physiquement à quelques heures de votre entrée en lice ?
Je me sens très bien. Rien à signaler ! Je suis en pleine forme. L’intensité des entraînements m’avait un peu émoussée mais là ça va. J’ai bien récupéré et je suis prête pour la bataille.
Et sur le plan moral ?
Je dirai “un esprit sain dans un corps sain”. Je suis moralement prête et mieux armée. Je reste confiante et sereine. Prête à tout telle une Éléphante de moins de 57 kg (rires) pour barrir haut et fort.
Que savez-vous de votre adversaire, une jeune Ouzbek de 20 ans ?
Je n’ai jamais eu l’occasion de la combattre. Je la prends comme toutes mes adversaires. Je dois rester concentrée, faire un bon échauffement et entrer sur le tatami dans les meilleures conditions possibles. Je crois que ça va bien se passer.
Aucune crainte, donc, face à la championne de l’Asie ?
Absolument ! Je reste sereine. Je n’ai aucune crainte. Ce ne sera pas une histoire de jeunesse contre expérience. Si nous nous retrouvons à Paris, c’est qu’on a le même niveau.
Je ne la crains pas, je la respecte comme toutes mes adversaires. Et je crois qu’elle me respecte également. Je veux rester focus sur moi pour faire le travail.
On est aux Jeux olympiques et tout le monde vient gonflé à bloc pour défendre les couleurs de sa nation.
A ce niveau, il n’y aucun calcul à faire ! Il faut juste vivre l’instant et flairer les bons coups pour briller.
Là, c’est plus difficile de combattre contre un adversaire qu’on ne maîtrise pas. Il y a bien plus d’incertitudes que contre les adversaires déjà rencontrées.
Comment aborderez-vous ce combat inaugural ?
Sans aucun complexe et décontractée. Rester concentrée depuis les premières jusqu’aux dernières minutes et frapper le coup fatal quand il faut. Bien rester sur ses gardes et éviter de se faire surprendre.
Je veux rentrer sur le tatami en étant au top de mon échauffement afin que mes muscles réagissent merveilleusement.
Je tâcherai d’être très mobile, concentrée à chaque matte (pause en japonais) et hajimé (signal en japonais pour lancer le combat).
Je vais jouer sur mon premier atout qui est l’agressivité. Opter pour l’agressivité à outrance dès les premières minutes pour la pousser dans ses derniers retranchements.
Sur quoi votre préparation a-t-elle porté ces derniers jours ?
Nous avons affiné et bouclé plusieurs stratégies et schémas de combats. Là, j’avoue que j’ai beaucoup progressé par rapport à mes deux précédentes participations.
Il y a certaines choses que je ne faisais pas par le passé. Mais aujourd’hui, j’y arrive. J’ai travaillé toutes ces lacunes qui me mettaient moins en confiance.
Aujourd’hui je ne me fixe aucune limite. Je veux juste aller jusqu’au bout du bout. D’ailleurs, je suis fière de cette athlète en pleine progression que je suis devenue aujourd’hui.
Quels sont vos objectifs ?
Je donnerai le meilleur de moi-même. Je veux être fière de moi au soir de ces JO. Je veux m’exprimer comme je veux et prendre du plaisir. N’oublions pas que ce sont des jeux tout de même. Si à la fin, j’ai une médaille, ce sera merveilleux.
À Paris, vous ne serez pas forcément étrangère car Château-Gontier, votre base depuis deux ans n’est pas loin.
Bien entendu ! C’est ma deuxième ville et une belle cité que j’aime énormément. J’embrasse toute la Mayenne, Château-Gontier, mon club de judo, toutes ces belles personnes.
J’aurai une grosse pensée pour les populations quand je monterai sur le tatami. Je leur dois énormément. J’espère que leurs prières et soutiens me hisseront sur le podium olympique dans ma catégorie.
Vous êtes une légende du judo ivoirien avec trois participations aux JO. Si vous deviez prendre votre retraite après Paris 2024, que souhaiteriez-vous que l’on retienne de vous ?
Déjà, je voudrais dire merci à toutes ces personnes qui m’ont donné cette chance de pratiquer le judo. Je voudrais également témoigner ma gratitude à toutes ces personnes qui ont cru en moi.
Je reste fière de moi parce que de là où je viens, c’est évident que personne ne me voyait atteindre un tel niveau. C’est un accomplissement, un rêve de gamine réalisé.
C’est de l’espoir et du rêve donné à toutes ces jeunes filles de familles modestes et de milieu défavorisé. Tout est permis à celui qui croit en lui et saisit les opportunités.
Je veux qu’on retienne de moi, l’image de guerrière qui fonce en dépit des difficultés et des injustices. Mais pour l’instant, je suis à Paris. Je vis l’instant en visant une médaille olympique”.
Propos suscités par
Lebéni KOFFI
Côte d’Ivoire
#PARISMEDIAS2024