Entretien exclusif avec Aristide Bancé : « Le football africain promet un avenir meilleur » 

Aristide Bancé est un ancien footballeur international burkinabè. Àgé de 39 ans, il a passé deux décennies à jouer au football. Sa carrière internationale au sein des Étalons du Burkina-Faso a duré 16 ans (2003 et 2019). Très amoureux de la Côte d’Ivoire, pays dans lequel il a débuté sa carrière, Aristide Bancé y a finalement élu domicile. Il participe à la formation des jeunes qui rêvent de devenir comme lui à l’avenir à travers son académie de football Mainz 05 de Jaqueville. Au micro de la rédaction sportive de Kessiya.com, l’ancien joueur de l’ASEC Mimosas a donné ses impressions sur la CAN 2023, le parcours du Burkina-Faso dans la compétition et sur le football africain en général.

Kessiya : Bonjour Aristide Bancé. Beaucoup disent que la CAN 2023 est la meilleure de l’histoire. Vous qui avez eu l’occasion de participer à plusieurs éditions de ce tournoi continental, est-ce que vous partagez cet avis ? 

Aristide Bancé : Je pense que c’est l’une des meilleures CAN. Le niveau est monté d’un cran. On voit des équipes qui ont développé un beau jeu, en l’occurrence le Cap-Vert et la Mauritanie. La Mauritanie qui a même battu l’Algérie en phase de groupes. Je pense qu’il y a eu beaucoup de progression. En terme de jeu, je pense que c’est la meilleure CAN de l’histoire. 

Kessiya : Cette CAN 2023 est dénommée la CAN des surprises, avec notamment l’élimination de plusieurs nations favorites dès le premier tour. Quatre équipes sont maintenant en lice pour le sacre final (RD Congo, Nigéria, Afrique du Sud et Côte d’Ivoire). Quelle équipe voyez-vous décrocher le trophée au soir du 11 février ?

Aristide Bancé : Quand on arrive à ce stade dans une compétition, on ne parle plus de favori. Les quatre équipes méritent de remporter le trophée. Depuis le début de la compétition, personne ne s’attendait à la RDC, même l’Afrique du Sud qu’on ne voyait pas forcément à ce niveau-là. Mais parmi ces quatre nations, la Côte d’Ivoire a un peu plus de chance parce qu’elle joue à domicile. Aussi, c’est une équipe qui vient d’être ressuscitée, qui n’a plus peur de rien vu leurs précédents parcours. La Côte d’Ivoire a quelque chose que les autres équipes n’ont pas. Pour moi, la Côte d’Ivoire est favorite pour le sacre final.

Kessiya : Est-que l’ambiance qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire à l’occasion de la CAN est à la hauteur de l’événement ? 

Aristide Bancé : Je pense qu’il y a une bonne ambiance. Les gens sont bien accueillis ici. On voit que ça s’amuse, les supporters sont ensemble. La Côte d’Ivoire est un pays très accueillant et les gens sont contents. Moi, j’ai vu beaucoup de supporters qui sont vraiment à l’aise. Ils ont beaucoup témoigné de la bonne ambiance et de l’hospitalité de la Côte d’Ivoire sur les réseaux sociaux. 

Kessiya : Comment analysez-vous le parcours des Étalons du Burkina-Faso à cette CAN 2023 ? 

Aristide Bancé : Le Burkina-Faso a fait un match difficile contre la Mauritanie en première journée malgré sa victoire, ensuite un match qu’on pouvait gagner face à l’Algérie en deuxième journée, enfin une défaite face à l’Angola en troisième journée et une autre en huitième de finale face au Cap-Vert. Je pense qu’une compétition se gagne d’abord bien avant. Et je pense que cela n’a pas été le cas du Burkina-Faso. Je pense qu’on n’a pas bien préparé cette CAN. Les joueurs ont voulu faire mieux, mais ça n’a pas marché. Je pense que le peuple est un peu déçu. Mais ce n’est pas la fin du monde, ce n’est qu’une compétition. Il y a beaucoup de matchs à venir pour les prochaines échéances et je pense qu’ils vont se rattraper. 

Kessiya : Est-ce que Hubert Velud est-il l’homme de la situation à la tête des Étalons ? 

Arisride Bancé : D’abord, le dernier mot revient au président de la fédération. C’est lui qui est le patron du football. Sinon, à mon avis, il y a beaucoup d’entraîneurs qui ont fait mieux que ce qu’il a fait. Ce n’est pas pour cracher sur Velud, mais je suis un peu désolé. Aujourd’hui, nous cherchons un entraîneur qui pourra nous permettre de remporter le trophée. On a déjà été deuxième, troisième et quatrième. Certes, le Burkina Faso est un petit pays, mais il a quand même les moyens de remporter la CAN. Donc Velud n’a pas réussi sa mission. 

Kessiya : Est-ce que le football africain promet un avenir meilleur ? 

Aristide Bancé : Le football africain promet un avenir meilleur. Surtout, avec ce qu’on constate à cette CAN, c’est encourageant. Il y a eu beaucoup de progression. Toutefois, il faut vite accélérer les choses et poser de bonnes actions. On ne doit plus attendre les compétitions avant de construire des stades. Il faut directement penser aux jeunes en ayant cette vision, parce que c’est à eux que ça profite. 

Kessiya : De quoi le football africain a-t-il encore besoin pour se développer ? 

Aristide Bancé : Le football africain a besoin de la sincérité. Il faut être honnête et professionnel surtout. Je pense que ça nous manque beaucoup. Les Européens ne sont pas plus bons que nous, c’est parce qu’ils mettent du sérieux dans ce qu’ils font que ça marche bien pour eux. Donc, si nous, les Africains, on doit espérer être plus meilleurs que les Européens, cela passera forcément par le sérieux. 

Kessiya : Un mot à l’endroit des jeunes qui rêvent de faire carrière dans le football et de devenir comme Aristide Bancé un jour. 

Aristide Bancé : Les jeunes doivent rester professionnels et très concentrés. Ils doivent accepter d’apprendre et suivre les étapes. Ils doivent chercher à s’imposer d’abord sur le plan local avant de chercher à s’exporter. Sans ça, il leur sera difficile d’avoir une bonne carrière. Tout est dans le sérieux et le professionnalisme.

Kessiya : Aristide Bancé, merci pour cet entretien. 

Aristide Bancé : Tout le plaisir est pour moi, je vous remercie. 

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