Abidjan, 6 janvier 2025 – Bloqué depuis une semaine au large du port d’Abidjan, le cargo Zimrida et sa cargaison de 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium retiennent l’attention des autorités ivoiriennes et de la communauté internationale. Une réunion décisive est prévue ce lundi matin pour déterminer si une partie de la cargaison, soit 3 000 tonnes destinées à la Côte d’Ivoire, pourra être déchargée comme prévu.
Le Zimrida, battant pavillon de La Barbade, est arrivé au large d’Abidjan le 30 décembre 2024 en provenance du port de Great Yarmouth, en Angleterre, qu’il avait quitté deux semaines plus tôt. Sa cargaison de nitrate d’ammonium, utilisée comme engrais, a été transbordée depuis le Ruby, un autre navire de la compagnie Serenity Ship Management DMCC, après une avarie survenue en mer de Norvège. Cette cargaison avait initialement quitté la Russie en août 2024.
Le Ruby avait été refusé par plusieurs ports d’Europe du Nord avant d’être finalement accueilli au Royaume-Uni, en raison de la nature sensible de son contenu et de son origine russe. Une méfiance accrue par l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, provoquée par une cargaison similaire.
Une inquiétude alimentée par les précédents
Le nitrate d’ammonium, bien que principalement utilisé comme engrais, possède une réputation sulfureuse. Il est instable à haute température et peut causer des explosions dévastatrices, comme celle de Beyrouth qui avait fait plus de 200 morts et 6 500 blessés. Cependant, des experts soulignent une distinction majeure : le nitrate d’ammonium du Zimrida est destiné à l’agriculture et non à la fabrication d’explosifs. « Aucun signe de dégradation thermique n’a été observé sur cette cargaison », indique l’ONG Robin des Bois, spécialiste des questions maritimes et environnementales.
Un traumatisme encore vif à Abidjan
La présence du Zimrida réveille des souvenirs douloureux pour les habitants d’Abidjan, encore marqués par l’affaire du Probo Koala. En 2006, ce navire avait déversé des déchets toxiques dans la ville, provoquant des dizaines de décès et des milliers d’intoxications. « Ce passé explique la vigilance extrême des autorités et des citoyens face à cette cargaison », estime Jacky Bonnemain, directeur de l’ONG Robin des Bois.
La réunion prévue ce lundi rassemblera les autorités portuaires, les douanes ivoiriennes, le propriétaire de la marchandise et le transporteur. Leur décision sera cruciale pour déterminer si le déchargement pourra avoir lieu ou si le Zimrida devra poursuivre sa route. En attendant, le cargo reste sous surveillance renforcée, à l’écart des zones densément peuplées.
Un enjeu environnemental et sécuritaire
Le professeur Nahossé Ziao, chimiste à l’Université Nangui Abrogoua d’Abidjan, rappelle les risques liés à une mauvaise manipulation du nitrate d’ammonium. « Il est essentiel que cette cargaison soit traitée dans des conditions de sécurité optimales pour éviter tout incident », avertit-il.