Tensions régionales : le Burkina Faso, le Mali et le Niger rompent avec la CEDEAO

Après près d’un demi-siècle d’adhésion à la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé ce dimanche leur retrait immédiat de l’organisation régionale. Les dirigeants des trois nations, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Colonel Assimi Goïta et le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, ont pris cette décision historique en réponse à ce qu’ils décrivent comme un éloignement des idéaux fondateurs de la CEDEAO et une déviation du principe du panafricanisme.

Dans un communiqué conjoint, ils ont exprimé leur déception quant à l’incapacité de la CEDEAO à soutenir efficacement leurs efforts de lutte contre le terrorisme et l’insécurité dans la région. De plus, ils ont critiqué l’organisation pour avoir imposé des sanctions jugées “illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables” en réponse aux actions prises par les États membres pour assurer leur propre sécurité.

Les dirigeants fondateurs de la CEDEAO, à savoir le Général Aboubacar Sangoulé Lamizana du Burkina Faso, le Général Moussa Traoré du Mali et le Lieutenant-Colonel Seyni Kountché du Niger, il y a 49 ans, avaient initialement créé l’organisation avec l’objectif de promouvoir la fraternité, la solidarité et le développement économique dans la région. Cependant, les actuels dirigeants des trois pays estiment que l’organisation régionale a dévié de ces objectifs initiaux et est devenue une menace pour la stabilité et le bien-être de leurs populations.

Ce retrait marque un tournant significatif dans le paysage politique et économique de l’Afrique de l’Ouest, et suscitera certainement des réactions et des répercussions dans toute la région. Les implications de cette décision restent à voir, mais elle souligne les tensions croissantes entre les États membres et l’organisation régionale chargée de les représenter.

Les tensions entre le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la CEDEAO ont été marquées par plusieurs événements clés ces dernières années. Des coups d’État ont eu lieu dans ces pays, entraînant une instabilité dans la région. En réponse, la CEDEAO a imposé des sanctions, notamment la fermeture des frontières et la suspension des échanges commerciaux.

En septembre 2023, suite au coup d’État au Niger et aux menaces d’intervention militaire de la CEDEAO, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont conclu l’Alliance des États du Sahel (AES), un pacte de défense mutuelle visant à contrer les menaces de rébellion armée ou d’agression extérieure. Cet accord vise également à lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la région du Sahel. Malgré ces efforts, l’AES est confrontée à des défis majeurs, notamment la menace des groupes djihadistes et les tensions avec la CEDEAO.

La décision de retrait des trois pays de la CEDEAO soulève des questions sur l’avenir de la coopération régionale en Afrique de l’Ouest. Conformément à l’article 91 du Traité de la CEDEAO, les États membres ont un délai d’un an pour se retirer de l’organisation, pendant lequel ils doivent continuer à respecter les dispositions du traité.

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