Le rapport 2025 de l’Onusida signale un recul de la riposte mondiale contre le VIH, marqué par une diminution des financements internationaux et des ruptures de services de santé dans plusieurs pays.
Selon la directrice de l’agence, Winnie Byanyima, la réponse mondiale connaît « son plus important recul depuis des décennies ». Treize pays enregistrent une baisse du nombre de personnes nouvellement mises sous traitement. Des ruptures d’approvisionnement sont rapportées en Éthiopie et en République démocratique du Congo, touchant les tests de dépistage et les traitements antirétroviraux. Au Nigéria, la distribution de préservatifs a diminué de 55%. Plus de 60% des organisations communautaires dirigées par des femmes ont suspendu des programmes.
Le rapport estime à 40,8 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde. En 2024, 1,3 million de nouvelles infections ont été enregistrées et 9,2 millions de personnes n’avaient pas accès au traitement. L’Onusida appelle les États à renforcer leur mobilisation.
Le Fonds mondial indique avoir obtenu un peu plus de 11 milliards de dollars pour les trois prochaines années, contre un besoin évalué à 18 milliards. Cette reconstitution est inférieure à celle de 2022, ce qui menace la continuité de plusieurs programmes.
Sur le plan scientifique, de nouveaux traitements antirétroviraux à longue durée d’action sont disponibles. Selon le directeur de l’ANRS-MIE, Yazdan Yazdanpanah, 43% des personnes vivant avec le VIH privilégient ces options, qui permettent un espacement des prises. La PrEP injectable à base de Lénacapavir, recommandée par l’OMS, offre une protection semestrielle. Un accord international prévoit un coût annuel d’environ 40 dollars dans 120 pays à ressources limitées.
La baisse des financements pourrait freiner la mise en œuvre de ces innovations. En 2025, l’aide mondiale au développement en santé a baissé de 22%, en lien avec la réduction de programmes américains. L’Afrique subsaharienne, qui concentre une majorité des nouvelles infections et 60% des personnes vivant avec le virus, est particulièrement touchée. Plusieurs centres communautaires y ont fermé et l’accès au dépistage et aux préservatifs a diminué.
L’Onusida souligne que les avancées scientifiques ne suffiront pas sans un modèle de financement plus durable et des investissements nationaux accrus. L’agence estime que, sans changement, l’objectif d’en finir avec l’épidémie en 2030 ne pourra pas être atteint et que les infections pourraient repartir à la hausse.
