Rien de tel qu’une histoire de lingots pour raviver les tensions diplomatiques ! Le Mali vient de jeter un pavé d’or dans la mare en accusant la société canadienne Barrick Gold de ne pas respecter les engagements pris dans l’accord signé… le mois dernier, un record de rapidité dans la brouille minière ! Cette querelle prend place autour des mines de Loulo et de Gounkoto, où le gouvernement malien reproche à Barrick une légère négligence en matière de responsabilité sociétale, environnementale et, tenez-vous bien, de réglementation des changes. Une broutille, vous dira-t-on, à l’échelle d’un continent en quête d’équité économique !
Les promesses, ça compte… quand même
Le Mali, bien décidé à prendre soin de ses mines comme on le ferait d’une riche marraine, avait signé en septembre un accord clair comme de l’eau de roche avec Barrick Gold. Au menu : engagements sur la protection de l’environnement, sur l’emploi local, et même un soupçon de bien-être pour les communautés avoisinantes. Mais voilà, quelques semaines après les signatures flamboyantes, Bamako annonce que Barrick a plutôt gardé l’or et laissé les promesses de côté. Il semblerait que les fameuses Évaluations Environnementales et Sociales Stratégiques et les réformes législatives de 2019, établies justement pour éviter ce genre de malentendu, n’aient pas tout à fait suffi à garantir la durabilité de ce partenariat.
Un nouveau code minier… pour rien ?
Ironie du sort, le Mali, toujours pionnier dans la maîtrise de ses ressources naturelles (ou du moins dans l’art de le rappeler), a renforcé son code minier en 2023. Ce code, taillé sur mesure pour attirer les investisseurs tout en garantissant la participation locale, a fait passer la part de l’État à 30%, tout en réservant 5% pour les investisseurs maliens. Mais visiblement, les changements n’ont pas suffit à Barrick Gold, qui, selon Bamako, préfère apparemment l’or au protocole. Et pour les plus cyniques, il se pourrait bien que l’or des mines brille plus que la lecture des textes de loi, même quand ces derniers contiennent des mots aussi sérieux que « responsabilité » et « régulation ».
Quand l’or brille, la diplomatie trébuche
À cette polémique, Barrick Gold répond sans sourciller : « Nous respectons les lois maliennes », affirmant qu’elle travaille sans relâche à la « viabilité à long terme » de ses opérations. Une phrase toute prête qui a fait sourire le Ministère des Mines, de l’Énergie et de l’Eau du Mali. « Ah vraiment ? » pourrait-on presque entendre en coulisses, quand on sait que ce ministère veille (ou essaie) à la conformité environnementale et aux engagements des sociétés minières, malgré des moyens de surveillance un peu rouillés. Car surveiller les géants miniers, c’est un peu comme demander à un berger malien de garder une nuée de pigeons : ça s’éparpille vite.
D’autres compagnies en ligne de mire ?
Barrick n’est pas la seule invitée au bal. Dans ce club sélect de l’exploitation minière malienne, on trouve aussi AngloGold Ashanti, Iamgold, Resolute Mining et autres géants aux poches dorées. Mais attention, le Mali a pris soin de montrer qu’il ne serait pas éternellement le terrain de jeu de ces multinationales. Après tout, si l’État a déjà pris la décision de nationaliser des mines, comme celle de Yatela, anciennement détenue par AngloGold Ashanti et Iamgold, pourquoi s’arrêterait-il là ?
Les autres entreprises étrangères pourraient bien suivre l’exemple de Barrick et se retrouver, elles aussi, face à un Mali qui préfère dorénavant maximiser ses bénéfices et assainir son paysage minier. En gros, le gouvernement malien envoie un message fort : « Vous êtes chez nous. » Et gare à celui qui oublie la politesse élémentaire.
Les retombées d’une querelle dorée
D’un côté, ce bras de fer avec Barrick pourrait dissuader d’autres investisseurs d’approcher les mines maliennes d’un peu trop près, ou du moins les inciter à lire toutes les petites lignes des contrats. De l’autre, en cas de ralentissement des opérations, c’est l’économie locale qui pourrait souffrir : moins de revenus miniers, moins d’emplois, moins de projets de développement durable. Ce serait comme si le Mali refusait l’accès à ses poules aux œufs d’or tout en espérant que d’autres piafs au plumage doré viendraient picorer dans ses plaines.
En somme, cette affaire entre le Mali et Barrick Gold nous rappelle qu’entre les promesses d’or et la réalité du terrain, il y a parfois un sacré gouffre.