Migrants sur CV : quand l’Allemagne ferme la porte tout en déroulant le tapis rouge au Kenya

Dans un monde où tout est question de cohérence, l’Allemagne a trouvé la recette magique : renforcer ses frontières pour freiner l’immigration illégale, tout en déroulant le tapis rouge aux travailleurs kényans. Une stratégie que l’on pourrait qualifier d’ »ambidextre » : d’une main, on ferme la porte, et de l’autre, on vous invite cordialement à entrer… mais uniquement si vous possédez un diplôme en ingénierie ou que vous êtes capable de conduire un bus dans les rues de Berlin.

Le chancelier Olaf Scholz, armé de ses nouvelles politiques migratoires dignes d’une partie de Tetris géopolitique, a récemment annoncé des contrôles policiers supplémentaires aux frontières de l’Allemagne avec quasiment tous ses voisins, y compris la France, le Danemark, et même le Luxembourg (parce que bon, les Luxembourgeois ont l’air vachement suspects ces derniers temps). Il s’agit, selon le chancelier, de « lutter contre l’immigration illégale » et de « préserver la sécurité nationale ».

Évidemment, les contrôles aux frontières, c’est pratique : vous pouvez vérifier si les Français cachent des baguettes suspectes sous leurs manteaux ou si les Danois tentent de passer avec des croissants non homologués. Mais au-delà des pâtisseries, il y a bien sûr des préoccupations plus sérieuses : terrorisme, criminalité transfrontalière, et, ô malheur, l’immigration illégale.

Un pied sur le frein… mais aussi sur l’accélérateur

Pourtant, pendant que les agents de la Bundespolizei inspectent avec minutie chaque passeport à la frontière, l’Allemagne n’hésite pas à envoyer un message bien différent à l’autre bout du monde. Le 13 septembre 2024, Berlin a signé avec le Kenya un accord migratoire, qui pourrait presque passer pour une comédie si ce n’était la réalité. L’idée ? Attirer des travailleurs qualifiés kényans pour boucher les trous béants dans les secteurs cruciaux de l’économie allemande. Manque d’ingénieurs en technologies de pointe ? Pas de problème. Un déficit de chauffeurs de bus dans les villes allemandes ? Il paraît que les Kényans sont prêts à monter au volant !

Ironie du sort, ce même accord permet aussi à l’Allemagne de renvoyer plus facilement les demandeurs d’asile kényans déboutés, en utilisant des passeports et des cartes d’identité périmés comme tickets de retour vers Nairobi. C’est un peu comme si l’Allemagne disait : « On vous aime, mais pas trop non plus. Si vous ne remplissez pas nos critères, retour à l’envoyeur ! »

Le Kenya, grand gagnant (ou pas ?)

Du côté du Kenya, l’affaire semble plus juteuse. D’une pierre deux coups : l’Allemagne promet des remises de fonds conséquentes, ces fameux « dollars migrants » qui font souvent tourner l’économie dans des villages entiers. Et puis, les travailleurs kényans qui iront acquérir de nouvelles compétences en Allemagne reviendront comme des héros modernes, prêts à booster l’économie locale, ou du moins, c’est ce qu’on espère.

Certes, il y a bien quelques grincheux qui osent parler de « fuite des cerveaux ». Oui, certains craignent que les meilleurs talents kényans s’envolent vers l’Europe, privant ainsi le pays de ressources humaines essentielles à son propre développement. Mais bon, après tout, si c’est pour voir ces cerveaux revenir avec un doctorat en « gestion des bus berlinois », cela ne peut être qu’un bonus pour le Kenya, non ?

Quand la droite critique… et l’extrême droite jubile

Mais tout le monde n’est pas convaincu par la gestion « deux poids deux mesures » de la chancellerie allemande. L’opposition de droite fait la moue, estimant que ces contrôles aux frontières ne vont pas assez loin. Pendant ce temps, l’extrême droite applaudit avec un sourire carnassier, voyant dans ces mesures le signe que leur programme anti-immigration commence à influencer les décisions politiques. Si ce n’était pas si sérieux, on pourrait presque croire qu’ils attendent déjà le prochain mur de Berlin, version 2.0.

D’un côté, Olaf Scholz et son gouvernement nous assurent que la sécurité nationale est une priorité. De l’autre, ils jouent les entremetteurs avec des accords migratoires à l’autre bout du globe. Peut-être que ce qui manque à cette grande comédie allemande, ce sont des sous-titres pour expliquer comment concilier une fermeture hermétique des frontières avec une ouverture calculée aux travailleurs qualifiés. Ou alors, c’est juste que les migrants kényans, avec leur expérience future en matière de nouvelles technologies, seront les seuls à percer le mystère.

Bienvenue en Allemagne, mais uniquement sur CV !

En résumé, l’Allemagne a résolu l’équation migratoire avec une élégance déconcertante : contrôles à l’entrée pour les indésirables, et tapis rouge pour les diplômés kényans. Ce qui est certain, c’est que Scholz a peut-être trouvé une solution à la pénurie de main-d’œuvre en Allemagne. Quant aux réfugiés kényans, eh bien, ils pourront toujours rêver de ces opportunités depuis leurs centres de rétention, en espérant que leur passeport périmé serve à quelque chose.

Bienvenue dans l’Allemagne de demain, où chaque migrant doit avoir un CV en béton… et surtout, être du bon côté de la barrière.

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