Ne vous laissez pas berner par son petit gabarit et sa taille de guêpe. Derrière son 1,46m et ses 45 kilos se cache une géante aux biceps d’acier, qui n’a visiblement pas fini de faire parler d’elle. Rosina Randafiarison, haltérophile malgache de 23 ans, a réussi l’exceptionnel en l’espace de dix jours : trois médailles d’or gagnées fin août aux Jeux de l’océan Indien, et un titre de vice-championne du monde (à l’arraché, à l’épaulé-jeté et au total olympique) empoché début septembre en Arabie saoudite. RFI est allée à sa rencontre, à Antananarivo, pendant sa semaine de break.
La démarche sautillante, Rosina Radafiarison nous entraîne au fond de la salle de sport pour plus d’intimité, dit-elle. La jeune femme au sourire communicatif ne flambe pas. Pourtant, son palmarès dans sa catégorie – celles des moins de 45 kilos – pourrait en rendre plus d’une orgueilleuse. L’haltérophile est six fois championne d’Afrique, actuelle recordwoman d’Afrique, et pour compléter le tout, ce parcours brillant lors des Mondiaux disputés en septembre en Arabie saoudite :
« Je suis vice-championne du monde, depuis quelques semaines, en épaulé-jeté, et en arraché. L’arraché, ça consiste à prendre l’haltère au sol et le soulever en l’air, au-dessus de ta tête. L’épaulé-jeté, c’est un mouvement en deux temps : tu soulèves l’haltère au niveau des épaules pour la placer sous ton menton, bras pliés, puis tu soulèves d’un coup au-dessus de ta tête, une jambe devant, une jambe derrière. »
Rosina a commencé à soulever de la fonte à 15 ans, un peu par hasard. Dans sa ville natale, à Majunga, son père lui parle d’une salle de sport dans laquelle des jeunes s’entraînent. L’haltérophilie ? Elle ne sait pas ce que c’est. Mais le lieu et l’ambiance l’attirent. Elle décide de s’inscrire. Elle participe à des compétitions et, très vite, les premiers résultats tombent : elle est douée. Rosina déménage alors à Tana, dans la capitale, pour poursuivre l’entraînement et intégrer l’équipe nationale.
« Je m’entraîne deux fois par jour chez moi, en suivant le programme du coach, mais je suis limitée en poids. Donc ce que je ne peux pas faire à la maison, je le fais ici, dans cette salle. Pour le moment, il n’y a pas de salle spécifique pour l’équipe nationale d’haltérophilie, alors chacun fréquente la salle qui lui convient », explique-t-elle.
Six mois pour être prête pour Paris 2024
Et cette salle, justement, l’Arena Fitness, Rosina s’y sent bien. Patrick, un habitué, l’interpelle : « Félicitations Madame ! J’étais très content de te voir, de voir la médaille d’or d’abord, aux Jeux de l’océan Indien, j’étais fier. Et après, je me suis rendu compte que tu étais vice-championne du monde. Mais ça, c’est un exploit ! Ça veut dire que dans le monde entier, tu es deuxième, c’est un exploit ! C’est à féliciter ! J’espère que tu vas aller au-delà ! Vu sa taille et son poids, on ne s’imagine pas qu’elle peut soulever jusqu’à deux fois son poids ! Et elle l’a fait, elle a pu soulever 100 kilos. J’étais bluffé ! »
Cet exploit, Rosina est allée le puiser au plus profond d’elle-même. Car elle revient de loin, avoue-t-elle : « J’ai vécu le pire en 2022. C’était la première fois de ma vie que j’échouais à toutes les compétitions. Ça m’a anéantie. À un moment, je me suis dit »j’abandonne tout », mais le président de la Fédé m’a aidée. Il m’a remonté le moral. Il m’a dit »Tu peux le faire, tu es forte ». Alors, j’ai puisé toutes mes forces pour rebondir et j’ai gagné à nouveau. »
Plus motivée que jamais après ce titre fraichement gagné, l’athlète s’est fixée un nouvel objectif : « Participer aux Jeux olympiques de Paris. Je rêve déjà d’avoir une médaille olympique. » Seulement, aux JO, sa catégorie des moins de 45 kilos n’existe pas. Le minimum, chez les femmes, est fixé à 49 kilos. « Il faut donc que je m’entraîne et prenne de la masse, pour ensuite gagner des points dans cette catégorie. Et c’est là que commence la guerre ! »
Rosina a repris l’entraînement lundi 9 octobre. L’étudiante en communication a six mois pour prendre du poids et réadapter sa musculature afin de faire vibrer à nouveau la Grande île sur la scène sportive internationale.
Source : RFI