L’économie togolaise, après avoir traversé la tempête mondiale causée par la pandémie de COVID-19, affiche des signes positifs de reprise. Toutefois, malgré une croissance soutenue, le pays devra relever plusieurs défis pour assurer une prospérité durable, notamment en matière de gestion de la dette publique et de contrôle de l’inflation. Retour sur les principaux indicateurs économiques du Togo pour la décennie 2020-2029.
Une croissance économique robuste mais modérée
Selon les estimations et projections publiées par le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement togolais, le Togo a vu son Produit Intérieur Brut (PIB) réel croître de 2,0% en 2020, au plus fort de la pandémie. Cette faible performance s’explique par la récession mondiale et les perturbations économiques qui ont affecté de nombreux pays. Cependant, en 2021, l’économie togolaise a rebondi avec une croissance impressionnante de 6,0%, confirmant la reprise post-pandémie.
Pour les années à venir, le taux de croissance du PIB devrait rester stable, oscillant autour de 5,5% annuellement entre 2023 et 2029. Cette progression reflète des investissements continus, une résilience économique face aux chocs extérieurs, et une diversification croissante des secteurs clés de l’économie, tels que les infrastructures, le commerce et l’agriculture.
Une amélioration modérée du niveau de vie
Le PIB par habitant, un indicateur crucial du bien-être des populations, a lui aussi connu des fluctuations. Après une baisse inquiétante de -0,4% en 2020, il a rebondi à 3,5% en 2021 et devrait se maintenir autour de 3,0% par an jusqu’en 2029. Cette croissance per capita, bien que modeste, suggère une amélioration progressive des conditions de vie des Togolais.
Cependant, il reste des défis à surmonter, notamment en matière de réduction des inégalités sociales et d’amélioration des infrastructures de base pour garantir que cette croissance bénéficie à l’ensemble de la population.
Inflation : Un retour à la stabilité
L’un des principaux enjeux pour l’économie togolaise a été le contrôle de l’inflation. En 2022, le pays a enregistré une inflation moyenne de 7,6%, un chiffre élevé dû à la hausse des prix des matières premières et aux pressions externes liées aux chaînes d’approvisionnement mondiales. Toutefois, les projections pour les prochaines années sont plus rassurantes. À partir de 2024, l’inflation devrait redescendre à 2,7%, avant de se stabiliser à 2,0% jusqu’en 2029. Ce retour à la stabilité des prix sera essentiel pour préserver le pouvoir d’achat des ménages et maintenir la compétitivité des produits togolais sur les marchés internationaux.
Une dette publique à surveiller de près
Si la croissance économique et la maîtrise de l’inflation offrent des perspectives encourageantes, la gestion de la dette publique constitue une source de préoccupation. En 2020, la dette publique du Togo représentait 62,2% du PIB, et elle devrait atteindre 69,8% en 2024 avant de redescendre progressivement à 62,0% d’ici 2029. Cette trajectoire montre un recours important à l’endettement pour financer des projets de développement, notamment dans les infrastructures. Toutefois, cette augmentation de la dette pourrait devenir problématique si elle n’est pas accompagnée d’une amélioration substantielle des recettes publiques et d’un meilleur contrôle des dépenses. Le ratio d’endettement intérieur, en particulier, reste élevé, avec une prévision de 42,4% en 2024, ce qui pourrait fragiliser les finances publiques si des ajustements budgétaires ne sont pas mis en œuvre.
Investissements et épargne : Des moteurs de croissance
Le Togo a misé sur un niveau élevé d’investissements pour soutenir sa croissance. En 2023, les investissements bruts domestiques représentaient 28% du PIB, un chiffre impressionnant qui reflète la volonté du gouvernement de moderniser le pays et d’améliorer les infrastructures. Toutefois, les projections montrent une légère baisse de ce taux, qui devrait se stabiliser à environ 26% dans les prochaines années.
En parallèle, l’épargne nationale reste un pilier de l’économie. Avec un taux de 25,1% en 2023, l’épargne brute devrait légèrement reculer, pour se situer à environ 24,9% en 2029. Cela montre que l’équilibre entre l’investissement et l’épargne sera crucial pour maintenir la dynamique de croissance et réduire la dépendance à l’endettement extérieur.
Le secteur extérieur : Un équilibre fragile
Le déficit de la balance courante, indicateur des échanges commerciaux du pays, s’est détérioré en 2022 avec un creusement à -3,5% du PIB. Toutefois, le Togo devrait réussir à ramener ce déficit à -2,3% d’ici 2029, grâce à une meilleure gestion des exportations et des importations. Les exportations de biens et services devraient se maintenir autour de 26% du PIB à long terme, tandis que les importations, qui représentaient 38,8% du PIB en 2022, devraient progressivement diminuer à 34% d’ici 2029. Cette tendance à la réduction du déficit commercial reflète les efforts du pays pour diversifier son économie et mieux intégrer les marchés régionaux et internationaux.
En somme, l’économie togolaise se trouve à un tournant. Si la croissance est prometteuse et que l’inflation est sous contrôle, le pays devra s’attaquer à ses vulnérabilités, notamment en ce qui concerne la dette publique et la gestion des finances publiques. Les investissements, bien que massifs, devront être orientés de manière à soutenir une croissance inclusive, tandis que l’épargne nationale jouera un rôle clé dans l’indépendance financière à long terme. L’avenir économique du Togo dépendra donc de sa capacité à maintenir cet équilibre délicat entre croissance, stabilité macroéconomique et gestion prudente de la dette.