Le mont Blanc, plus haut sommet des Alpes et d’Europe occidentale, a été mesuré mi-septembre à 4 805,59 mètres, en baisse de plus de deux mètres en deux ans par rapport aux derniers relevés, ont annoncé jeudi 5 octobre 2023, les géomètres-experts de Haute-Savoie.
En 2021, le point culminant des Alpes avait été mesuré à 4 807,81 mètres, rapporte le site franceinfo.
Entre le 14 et le 16 septembre, une équipe d’une vingtaine de personnes composée de géomètres, de scientifiques, mais aussi de sportifs comme l’ancien biathlète Martin Fourcade et l’alpiniste Liv Sansoz, a gravi le mont Blanc pour effectuer des mesures pendant trois jours. Un procédé effectué tous les deux ans depuis 2001.
Alors que la mesure effectuée en 2019 avait été tenue « secrète » car « exceptionnellement basse » (4 806,03 m), le mont Blanc a récemment perdu plusieurs mètres soit 4 808,72 m en 2017, 4 807,81 m en 2021 et 4 805,59 m en 2023.
Ces chiffres varient d’une année à l’autre en raison de la taille de la couche de neige qui recouvre le mont Blanc – le sommet rocheux culmine pour sa part à 4 792 mètres et bouge seulement de quelques millimètres en raison de la surrection des Alpes, les mouvements de plaques.
« La variabilité du mont Blanc entre 4 806 mètres et 4 811 mètres a toujours existé. Toutes les calottes glaciaires ont une variabilité saisonnière naturelle en fonction des précipitations et des vents », explique à franceinfo Ludovic Ravanel, directeur de recherche au CNRS à Chambéry et géomorphologue.
« Les précipitations et le vent influent sur l’épaisseur des neiges dites éternelles », résume Luc Moreau, glaciologue au laboratoire Edytem à Chamonix (Haute-Savoie).
S’il neige toute l’année au sommet du mont Blanc, et que la fonte y est encore minime, voire inexistante à cette altitude-là, la baisse du point culminant des Alpes « n’est pas représentative du réchauffement climatique », prévient Luc Moreau. Cette donnée offre seulement « une indication du changement climatique, mais ne peut pas être interprétée comme son résultat ».
« Une altitude plus faible que d’habitude peut trouver son origine dans le réchauffement climatique, qui s’opère également à haute altitude », développe Ludovic Ravanel, spécialiste de l’évolution des milieux de moyenne et haute montagne face à l’évolution du climat.
D’ici 2100, une très grande majorité des glaciers vont disparaître en raison du réchauffement climatique causé par les activités humaines. « À l’échelle alpine, on va perdre entre 85 et 99% du volume des glaciers à la fin du siècle », prévient Ludovic Ravanel. Et le mont Blanc aussi va être touché.
D’ici 30 à 50 ans, les températures positives vont s’y multiplier, les glaciers froids [comme le mont Blanc, à la différence des glaciers dits tempérés à plus basse altitude] vont se réchauffer et le mont Blanc va fondre et diminuer en épaisseur. »
Via AIP