Le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, a tiré lundi 17 novembre 2025, la sonnette d’alarme après une mission d’une semaine dans le Darfour, décrivant cette région de l’ouest du Soudan comme « l’épicentre mondial de la souffrance humaine ».
Depuis N’Djamena, Tom Fletcher a relaté un territoire ravagé par les violences, la famine et l’absence d’accès humanitaire. Il a fait état de scènes de brutalité notamment des villages rasés, des civils dépouillés ou mutilés à des checkpoints tenus par des enfants armés, et des familles réfugiées sous les arbres à Tawila ou Korma, privées de nourriture pendant plusieurs jours.
À El Fasher, tombée le 27 octobre après plus de 500 jours de siège aux mains des Forces de soutien rapide (FSR), il décrit « une scène de crime » marquée par des exécutions ethniques, des viols collectifs et des disparitions d’enfants. Ces témoignages concordent avec les enquêtes des agences onusiennes et des analyses satellitaires de l’université Yale montrant des traces de massacres.
Près de 100.000 personnes ont fui El Fasher depuis fin octobre, aggravant une crise de déplacement qui touche désormais 12 millions de Soudanais. La famine progresse. Un tiers des personnes arrivant de la ville sont malnutries, et 15 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, selon une analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).
L’ONU alerte également sur une dynamique similaire dans le Kordofan, où plusieurs villes sont déjà assiégées.
M. Fletcher appelle à un accès humanitaire total, à un embargo sur les armes et à des enquêtes internationales sur les atrocités commises, malgré des engagements récents de l’armée soudanaise et des FSR, pour la sécurité dans le pays.


