Le gouvernement tanzanien a annoncé lundi 8 décembre 2025, qu’il annule les célébrations liées à la fête nationale le 9 décembre, jour où des manifestations étaient annoncées pour dénoncer la récente répression dans le sang d’une contestation anti-pouvoir.
La Tanzanie a sombré dans la violence le 29 octobre, après que la commission chargée des élections ait proclamé Samia Suluhu Hassan, réélue avec 98% des voix. Ce score a été rejeté par l’opposition et plusieurs observateurs étrangers qui évoquent un scrutin entaché d’irrégularités. Les manifestations qui l’ont suivi ont été violemment réprimées durant des jours.
Selon l’opposition et plusieurs ONG, plus de 1.000 personnes auraient été tuées, plus de 2.000 arrêtées, et des dizaines portées disparues. L’ONU évoque également des cas d’enlèvements, de corps enterrés dans des fosses anonymes, ou encore de rafles d’universitaires, de militants et d’opposants locaux par des hommes armés non identifiés.
Le gouvernement, lui, rejette systématiquement ces accusations et refuse de communiquer un bilan officiel, car la présidente Suluhu Hassan estime que les manifestations du 29 octobre s’apparentaient à une tentative coordonnée pour renverser l’État.
“La présidente Samia Suluhu Hassan a ordonné qu’il n’y ait pas de célébrations le 9 décembre, et que les fonds qui auraient été dépensés pour l’événement soient plutôt utilisés pour réparer les infrastructures endommagées”, a déclaré le Premier ministre Mwigulu Nchemba.
Dimanche, le porte-parole du gouvernement Gerson Msigwa a de son côté critiqué la “couverture biaisée” de plusieurs médias étrangers qui ont publié des “photos de mauvais goût”, soit des images des tueries.
D’après le barreau du Tanganyika, quelque 641 personnes étaient inculpées pour “trahison” au 11 novembre du fait de leur participation aux manifestations anti-pouvoir fin octobre. Plus de 200 inculpés ont vu ces accusations levées ces derniers jours à Mwanza et Arusha (Nord), ainsi que dans la capitale économique Dar es Salaam, ont indiqué plusieurs sources judiciaires.
Tanganyika, une ancienne colonie britannique a obtenu son indépendance en 1961, avant de devenir officiellement la Tanzanie après avoir fusionné avec Zanzibar trois ans plus tard. Ce pays a alors adopté un système de démocratie multipartite en 1992, mais ces dernières années ont été marquées par de nombreuses atteintes aux libertés fondamentales, notamment sous l’administration du prédécesseur de Mme Hassan, John Magufuli, au pouvoir entre 2015 et 2021.
Samia Suluhu Hassan est devenue en mars la première femme à diriger la Tanzanie après le décès soudain en 2021 de John Magufuli « le bulldozer », dont elle était la vice-présidente.


