Face à la menace grandissante de la déforestation, la Côte d’Ivoire prend une mesure radicale pour restaurer ses forêts : la privatisation de certaines d’entre elles pour générer des crédits carbone.
Cette initiative émerge alors que le pays a vu près de 80 % de son couvert forestier disparaître depuis 1960, principalement en raison de l’agriculture extensive, notamment la culture du cacao, un moteur économique majeur mais également un facteur clé de déforestation.
Un projet nommé Karidja, prévoit de privatiser la première forêt classée du Haut-Sassandra pour une période de cinquante ans. Ce partenariat entre l’entreprise ivoirienne Agro-Map et la société française aDryada vise à reboiser 100 000 hectares de terres dégradées, transformant ainsi des zones de déforestation en puits de carbone.
Karidja ambitionne de retirer environ un million de tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère chaque année, grâce à la reforestation et à la vente de crédits carbone sur le marché international. Cette stratégie novatrice offre une double opportunité : préserver l’environnement tout en générant des revenus pour financer la politique de reboisement du pays.
Cependant, malgré les avantages potentiels de Karidja, des préoccupations subsistent quant à son impact sur les populations locales et à la répartition équitable des bénéfices.
Si l’agroforesterie est désormais largement acceptée au sein de la classe politique ivoirienne, des questions persistent quant à la manière dont les revenus de la vente des crédits carbone seront répartis et à l’impact sur les communautés rurales qui dépendent des ressources forestières pour leur subsistance.
Alors que la Côte d’Ivoire s’engage dans cette initiative ambitieuse, elle reconnaît que la réussite du projet Karidja dépendra non seulement de son efficacité environnementale mais également de son impact social et économique positif sur les populations locales.