Depuis le début de l’année, le Kenya a entrepris une réforme en matière de politique de visas, abandonnant le système traditionnel au profit de l’autorisation électronique de voyage (ETA). Bien que cette initiative ait été saluée par certains comme un moyen de dynamiser le secteur touristique, elle suscite également des controverses et des critiques.
Annoncée par le président William Ruto en fin d’année précédente, la suppression des visas vise à simplifier les formalités d’entrée sur le sol kényan. Les voyageurs doivent désormais obtenir l’ETA en ligne, 72 heures avant leur arrivée. Selon les autorités, près de 10 000 personnes ont déjà soumis une demande, et plus de 4 000 dossiers ont été traités. L’objectif affiché par le pays est ambitieux : multiplier par 200 le nombre de touristes pour atteindre 4,5 millions de visiteurs d’ici à 2027.
Cependant, cette transition n’est pas exempte de critiques, en particulier sur les plateformes de médias sociaux. De nombreux voyageurs expriment leur mécontentement face à ce qu’ils considèrent comme un système hypocrite. Certains soulignent le fait que l’ETA, facturée à 30 dollars, n’est qu’une alternative coûteuse au visa précédent de 50 dollars. Un changement qui touche particulièrement les ressortissants d’une cinquantaine de pays, dont certains africains comme le Ghana, l’Afrique du Sud ou le Zimbabwe, qui bénéficiaient déjà d’une exemption de visas.
Mohamed Hersi, ancien porte-parole de la Fédération kényane du tourisme, exprime ses inquiétudes quant à la complexité accrue du processus de demande en ligne. « Quand on voit la myriade de questions auxquelles les visiteurs doivent répondre, je crains que l’ETA ne rende les choses encore plus compliquées », déclare-t-il.
Parallèlement à cette réforme des visas, les autorités kényanes ont décidé de doubler les frais d’accès aux parcs nationaux, principales attractions touristiques du pays, à partir du 1er janvier. Cette mesure a également été mal accueillie par certains acteurs du secteur, qui estiment que les 20 dollars d’économies sur le visa ne compensent que faiblement cette augmentation.
Dans ce contexte, le Kenya se retrouve à jongler entre ses ambitions de stimuler le tourisme et les critiques croissantes émanant de voyageurs et de professionnels du secteur. La réussite de cette réforme pourrait dépendre de la capacité du pays à adresser les préoccupations légitimes tout en maintenant son attractivité pour les visiteurs internationaux.