L’Université Jean Lorougnon Guédé (UJLoG) de Daloa a abrité, samedi dernier, la soutenance de thèse de doctorat de Sey Junias, en agrophysiologie. Son travail, mené dans la mention Agriculture et foresterie tropicale, portait sur le thème : « Évaluation d’un système agroforestier hévéa–igname de sous-bois pour la sécurité alimentaire à Daloa ».
Pendant longtemps, l’idée dominante voulait que l’hévéa mature, en raison de l’ombre qu’il projette, soit incompatible avec d’autres cultures. Les recherches de Sey Junias viennent battre en brèche cette croyance. Ses expérimentations démontrent qu’une variété spécifique, l’igname de sous-bois appelée localement coco assé, peut être cultivée entre les interlignes d’hévéas sans affecter la production de caoutchouc.
« Nos expérimentations ont montré que l’association hévéa–igname est non seulement possible, mais qu’elle représente une opportunité pour améliorer la sécurité alimentaire et diversifier les revenus des producteurs », a déclaré le nouveau docteur, ému après avoir obtenu la mention Très honorable.
Dans les zones hévéicoles, l’expansion des plantations réduit progressivement l’espace disponible pour les cultures vivrières, accentuant l’insécurité alimentaire. La possibilité de valoriser les espaces intercalaires entre les pieds d’hévéa apparaît donc comme une solution innovante. « Ce système peut aider les familles rurales à subvenir à leurs besoins alimentaires tout en maintenant la rentabilité de l’hévéaculture », a ajouté Sey Junias.
La thèse a été dirigée par le Professeur Tonessia Dolou Charlotte, et évaluée par un jury présidé par le Professeur Akafou Dofou Selastique. Pour l’encadrice, ce travail marque « une avancée scientifique majeure qui allie durabilité de la filière hévéicole et sécurité alimentaire ». Elle a également rappelé le soutien du Centre national de recherche agronomique (CNRA), de l’Institut de recherche pour le développement (IRD, France) et du Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (FIRCA), partenaires de cette recherche qui ont réaffirmé leur engagement à accompagner des études complémentaires.
Sey Junias prévoit désormais de tester d’autres variétés d’ignames, d’améliorer les rendements et d’évaluer la rentabilité économique du système agroforestier. « L’objectif final est que les producteurs et leurs familles en tirent un bénéfice concret », a-t-il conclu.
Avec cette soutenance, l’UJLoG confirme sa dynamique de centre d’excellence scientifique, en s’impliquant dans la recherche de solutions pratiques face aux défis du développement agricole et de la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire.