Suite à l’assaut de gangs armés contre le pénitencier national de Port-au-Prince le 2 mars, des prisonniers se sont échappés, rapportent l’ambassade de France à Haïti et les médias locaux.
Ce samedi 2 mars au soir, « des bandits ont pris d’assaut le pénitencier national de Port-au-Prince et ont permis l’évasion d’un certain nombre de détenus », a écrit, dans un communiqué transmis à l’AFP, l’ambassade de France dans la capitale haïtienne. La diplomatie française invitant les habitants à rester « prudents » et à s’abstenir de se « déplacer ». Par ailleurs, le Syndicat de la police nationale d’Haïti (SNPH_17) a exhorté tous les policiers et les militaires ayant des voitures, des armes et des munitions à venir en renfort à la prison, dans un message en créole posté sur X (anciennement Twitter).
Chefs de gangs connus
Parmi « un nombre important de prisonniers libérés » par les gangs armés, figurent « d’importants membres de gangs très puissants », rapporte la Gazette d’Haïti. Plusieurs prisonniers de droit commun, des chefs de gangs connus et des inculpés dans l’assassinat du président Jovenel Moïse étaient incarcérés dans cette prison située à quelques centaines de mètres du palais national, ajoute le quotidien haïtien le Nouvelliste, qui assure, lui, ne pas avoir de détails sur le nombre ou le profil des détenus évadés. Selon ce média local, la prison, principal centre carcéral d’Haïti, « épiée depuis jeudi viadrone par les assaillants », a subi l’assaut des gangs en début de soirée samedi.
Label « Vivre ensemble »
Depuis le 1er mars, Port-au-Prince est le théâtre de violences perpétrées par des gangs armés affirmant vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry, actuellement absent de la capitale, toujours selon le Nouvelliste. Ces gangs, réunis sous le label « Vivre ensemble », mènent des attaques coordonnées dans la capitale en visant notamment des sites stratégiques comme la prison civile, l’aéroport international et des bâtiments de police. Au moins quatre policiers ont été tués depuis jeudi et des dizaines de personnes ont été blessées dans un pays en proie à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire.
Dans ce climat de violence, les services de soins continuent de fonctionner. C’est le cas de l’hôpital de Tabarre, géré par l’organisation Médecins sans frontières. Mumuza Muhindo est chef de mission pour MSF en Haïti, responsable de l’hopital de Tabarre. Il explique que son centre médical accueille un nombre croissant de blessé depuis quelques jours : « Pour notre service de traumatologie, où l’on reçoit les accidentés de la route, les blessés par balle, on avait une capacité de 50 lits. Hier, on était obligé de rajouter 15 lits. Et là, tous les lits ce matin sont pleins. » Il explique par ailleurs que le personnel éprouve des difficultés à venir au travail et à le quitter « parce que passer dans les quartiers, c’est s’exposer au risque de balles perdues. Il y a des soignants bloqués depuis trois jours à l’hôpital et sont obligés de rester là-bas pour assurer la continuité des soins. Signalons enfin les malades, bloqués dans leur maison qu’ils ne peuvent pas quitter pour accéder aux soins. »
Enfin, l’approvisionnement en médicaments, qui arrivent par bateaux-cargos, est mis à mal du fait des accès difficiles aux ports. « On en a encore, mais on ne sait pas jusqu’à quand on va tenir car le nombre de bénéficiaires augmentent de jour en jour et nous craignons une rupture », alerte Mumuza Muhindo.
Via AFP