Le lundi dernier, le président de la transition en Guinée a annoncé la dissolution du gouvernement. Cette annonce a été faite à travers un décret lu à la télévision nationale par le général de brigade Amara Camara, un haut responsable de la junte. Dans le sillage de cette dissolution, les directeurs de cabinet et les secrétaires généraux sont désormais chargés de gérer les affaires courantes en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.
L’énoncé, d’une durée de plus de trois minutes, a été lu par le ministre secrétaire général de la présidence de Guinée, entouré de militaires. La mesure principale de cette dissolution est que tous les ministres perdent leurs attributions, et ce sont donc les directeurs de cabinet, les secrétaires généraux et leurs adjoints qui assureront l’intérim. Ces intérimaires ont été convoqués en urgence pour une séance de travail au secrétariat général de la présidence, selon un communiqué du CNRD.
Gel de compte et d’autres sanctions
Parallèlement à cette décision, des mesures conservatoires strictes ont été prises à l’encontre des anciens ministres. Le chef d’état-major général des armées a lu un autre décret à la télévision, précisant que les membres de l’équipe précédente se verront retirer leurs véhicules de fonction, subiront la démobilisation de leurs gardes du corps et le gel de leurs comptes bancaires. Ils sont également tenus de restituer tous leurs documents de voyage au secrétariat général de la présidence.
Le gouvernement dissous, en fonction jusqu’au 19 février, n’avait connu que peu de modifications depuis sa nomination, quelques semaines après le coup d’État du 5 septembre 2021. Si des portefeuilles importants ont changé de mains, comme ceux de la Justice et de la Santé, il n’y avait encore eu aucun remaniement d’ampleur.
À la tête du gouvernement depuis juillet 2022, Bernard Goumou a succédé à Mohamed Béavogui, qui a dû quitter ses fonctions officiellement pour des raisons de santé. Déjà en septembre, des rumeurs circulaient sur la possible instabilité de son poste.
La nouvelle équipe gouvernementale, qui aura dix mois pour organiser des élections, est confrontée à une tâche monumentale. La Guinée traverse une crise politique profonde, marquée par l’absence de dialogue entre les autorités et les partis politiques. Sur le plan social, les mécontentements liés à la vie chère, aux restrictions d’Internet depuis novembre, et aux coupures d’électricité récurrentes ont alimenté plusieurs manifestations à Conakry ces dernières semaines.