Depuis le 24 novembre dernier, la Guinée traverse une période d’obscurité numérique, avec un accès à internet et aux réseaux sociaux restreint à l’intérieur du pays. Cette situation, dénoncée comme une « cyber-censure » par l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui), soulève également des préoccupations quant aux violations du droit à la liberté d’expression par les autorités de transition, selon l’ONG Amnesty International.
La limitation d’accès au web ne se limite pas seulement à un problème de liberté d’expression. Elle a des implications économiques majeures, affectant directement les recettes fiscales de l’État, comme le souligne l’économiste et chercheur Safayiou Diallo. Des entreprises clés telles qu’Orange Guinée et MTN contribuent significativement aux recettes fiscales, et la coupure d’internet compromet ces apports financiers importants.
En 2022, Orange a versé plus de 1000 milliards de francs guinéens, tandis qu’Orange Finances Mobiles Guinée a contribué à plus de 198 milliards de francs guinéens. Ces chiffres positionnent ces entreprises en tête des contributeurs fiscaux, dépassant même les sociétés minières. La coupure d’internet a également des répercussions sur le télétravail, un mode de travail adopté par de nombreuses entreprises. Selon Diallo, la productivité pourrait en pâtir, avec des conséquences néfastes sur la croissance économique prévue pour l’année 2024.
« Beaucoup d’entreprises font usage du télétravail. L’expérience a démontré qu’une personne travaillant à son domicile est plus productive. Si la coupure d’internet persiste, on risque de voir une baisse des recettes fiscales de l’État et un impact très néfaste sur la croissance économique de l’année 2024 », explique Safayiou Diallo.