En RDC, les populations n’ont pas de Carte Nationale d’Identité depuis 30 ans

En République Démocratique du Congo (RDC), la question de l’identité est au cœur des débats. Les Congolais attendent depuis les années 1990, époque où leur pays portait encore le nom de Zaïre, une carte d’identité officielle. Le gouvernement actuel s’est engagé à remédier à cette lacune alors que les élections générales sont prévues pour décembre.

Entre décembre 2022 et avril 2023, des centres spécifiques ont été mis en place pour “enrôler” les citoyens votants. Ces derniers ont reçu une carte d’électeur en carton plastifié, ornée d’une photo et d’un QR code. Pour bon nombre d’entre eux, c’est le seul justificatif d’identité qu’ils possèdent. En effet, les passeports, cartes professionnelles ou permis de conduire n’ont plus été délivrés depuis des années.

Les anciens, quant à eux, se souviennent avec nostalgie de leur “carte d’identité pour citoyen”, symbolisée par le drapeau zaïrois. Cette carte a été supprimée en 1997, suite au renversement de Mobutu Sese Seko par l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila. Le pays a ensuite été renommé République démocratique du Congo. La présidence est passée de Kabila à son fils Joseph, puis à Félix Tshisekedi en 2018.

La carte nationale d’identité sous l’ère Mobutu

Malgré la mise en place de l’Office national d’identification de la population (Onip) par Joseph Kabila en 2015, le recensement a été perçu par l’opposition comme une stratégie pour repousser les élections. Le projet a finalement été repris par la nouvelle équipe dirigeante. Pour accélérer le processus, une “mutualisation” des efforts entre l’Onip, la CENI et l’INS a été annoncée en 2022. Dieudonné Mushagalusa, membre d’un panel d’experts de la société civile congolaise, a toutefois souligné une incohérence : “C’est plutôt la CENI qui devrait se référer à l’Onip et non l’inverse”. Il a également mentionné que la fiche d’enregistrement de la CENI était insuffisante pour une carte d’identité. Jean-Claude Likosi, spécialiste en communication politique et électorale, a renchéri en déclarant qu’il “faut commencer de la base au sommet, et non du sommet à la base comme cela est préconisé par le gouvernement”.

Le président Félix Tshisekedi est le premier congolais à avoir reçu sa carte nationale d’identité, deux mois plus tôt.

L’enjeu financier reste également préoccupant. Dieudonné Mushagalusha a mis l’accent sur la priorité donnée aux élections et aux efforts militaires. De plus, le débat sur la “congolité” refait surface, notamment concernant la nationalité des candidats à la présidence. Jean-Claude Likosi estime que c’est l’occasion pour le gouvernement de clarifier définitivement la situation.

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