Les 31 octobre et 1er novembre derniers, Marrakech a accueilli la cinquième édition du Choiseul Africa Business Forum, un événement qui a illustré le dynamisme et les ambitions économiques d’un continent en pleine mutation. Plus de 700 participants, venus de plus de 40 pays, ont convergé vers cette rencontre incontournable.
Dirigeants d’entreprises, décideurs politiques, experts et acteurs institutionnels se sont réunis pour identifier des solutions concrètes aux défis économiques et structurels de l’Afrique. Les échanges ont porté sur des priorités variées : la sécurité alimentaire, la transition énergétique et les infrastructures urbaines. Parallèlement, les secteurs de la santé, de la formation et des industries créatives ont été identifiés comme des moteurs potentiels de croissance inclusive.
L’agriculture a dominé les débats, face à des crises géopolitiques et climatiques qui exacerbent l’insécurité alimentaire mondiale. Les intervenants ont souligné l’importance de construire une agriculture résiliente et autosuffisante, en particulier à travers le soutien aux chaînes de valeur locales pour transformer les ressources agricoles du continent. Cette stratégie pourrait non seulement répondre aux besoins des populations, mais aussi créer des emplois.
Des dirigeants comme Daouda Fall, de Brahms Group, ont appelé à une optimisation des techniques de culture et de transformation pour accroître la productivité. Ils ont également mis en avant le rôle des partenariats public-privé dans le financement des infrastructures agricoles nécessaires à cette transformation.
Le secteur de la santé, considéré comme un levier de croissance, a aussi suscité l’intérêt des participants. Anne-Sophie Grouchka, de Health Africa, a rappelé le potentiel de ce secteur pour créer des emplois et réduire les inégalités. Pour elle, l’amélioration des systèmes de santé africains nécessite des financements mais aussi des politiques novatrices adaptées aux réalités locales. Un secteur de la santé plus solide pourrait aussi attirer davantage d’investissements étrangers.
La transition énergétique était un autre thème clé. L’Afrique, dotée de ressources solaires, éoliennes et hydroélectriques abondantes, a l’opportunité de devenir autonome sur le plan énergétique. Loïc Jaegert-Huber, d’Engie, a insisté sur l’exploitation de ces ressources renouvelables pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et améliorer les conditions de vie, notamment en milieu rural.
La croissance rapide des villes africaines, qui devrait être la plus forte au monde d’ici 2050, pose également des défis en matière d’infrastructures. Nicolas Kozubek, de MIPIM, a souligné la nécessité de développer des villes résilientes et bien planifiées, avec des infrastructures durables et intelligentes. Une urbanisation réfléchie pourrait non seulement améliorer la qualité de vie, mais aussi attirer des investissements directs étrangers.
Un autre sujet crucial abordé lors du forum a été la faible intégration des échanges intra-africains. Bien que le continent dispose du potentiel pour constituer un marché unique, les obstacles logistiques et douaniers freinent les flux commerciaux. Les participants ont insisté sur l’importance de simplifier les procédures réglementaires et de renforcer les infrastructures logistiques, afin de favoriser les échanges entre les États africains.
Avec une population jeune (60% ont moins de 25 ans), l’Afrique possède un capital humain précieux. Arnaud Floris, de Bpifrance, a souligné l’importance de développer des compétences adaptées aux industries émergentes et de soutenir l’entrepreneuriat. En renforçant les compétences des jeunes, le continent pourrait devenir plus compétitif sur la scène mondiale et diminuer le chômage.
Enfin, les industries culturelles et créatives ont été reconnues comme des secteurs porteurs. Christian Bombrun, de MTN Digital, a mis en avant la popularité croissante de la culture africaine dans la musique, le cinéma et les arts visuels. Investir dans ces secteurs pourrait diversifier l’économie, traditionnellement axée sur les ressources naturelles, tout en renforçant la présence culturelle africaine sur la scène internationale.
Au-delà de la recherche de solutions locales, le forum a aussi réaffirmé l’importance de la coopération entre l’Afrique et l’Europe. Face à des défis communs, comme la sécurité alimentaire et le développement durable, les participants ont appelé à des partenariats équilibrés, où l’Afrique pourrait bénéficier de l’expertise européenne tout en apportant sa propre vision.
Le Choiseul Africa Business Forum 2024 s’est ainsi affirmé comme un espace de réflexion et de mobilisation. Cette édition a témoigné de la volonté d’action collective pour faire de l’Afrique un acteur économique majeur, capable de relever les défis mondiaux et de contribuer activement au développement durable international.