L’année 2026 marque un tournant pour l’aide publique au développement (APD) en Afrique. Alors que les besoins du continent restent immenses, les flux financiers venus des grandes puissances évoluent de manière contrastée. Les États-Unis annoncent un retrait brutal, l’Union européenne tente de transformer son approche, tandis que la Chine consolide son rôle de partenaire incontournable.
Le désengagement américain
Aux États-Unis, le budget fédéral 2026 présenté par Donald Trump prévoit la suppression ou la réduction drastique de plusieurs instruments d’aide, dont l’USAID, le Millennium Challenge Corporation (MCC) et l’US African Development Foundation (USADF). Selon Foreign Policy, cette décision entraîne une réduction de 83,7% des financements internationaux, avec le retrait de la contribution américaine au Fonds africain de développement, estimée à 555 millions de dollars. Ce choix illustre une politique de recentrage sur les priorités nationales et militaires, laissant l’Afrique en marge.
L’Union européenne mise sur le Global Gateway
Face à ce désengagement, l’Union européenne cherche à renforcer son rôle de partenaire stratégique. Bruxelles a lancé l’initiative Global Gateway, dotée de 150 milliards d’euros pour l’Afrique, afin de stimuler les investissements dans les infrastructures, la transition énergétique et les partenariats public-privé. Contrairement aux États-Unis, l’UE ne réduit pas ses flux, mais elle les transforme : l’accent est mis sur l’investissement et la compétitivité plutôt que sur l’aide bilatérale classique. Cette évolution suscite des interrogations sur la capacité de l’Europe à maintenir une logique de solidarité tout en poursuivant ses propres intérêts économiques.
La Chine consolide son influence
La Chine, de son côté, continue d’affirmer sa présence. Lors du 9e Forum de coopération sino-africaine (FOCAC) en septembre 2024, Pékin a promis 50 milliards de dollars sur trois ans (2024-2026) pour financer dix actions de partenariat, notamment dans les infrastructures, l’emploi et la modernisation industrielle. L’objectif affiché est la création d’un million d’emplois sur le continent. Ces engagements s’inscrivent dans la continuité de la Belt and Road Initiative, qui a déjà permis à la Chine de devenir le premier investisseur bilatéral en Afrique.
Un basculement stratégique pour l’Afrique
La comparaison est frappante : désengagement américain, reconversion européenne, affirmation chinoise. Pour les pays africains, cette recomposition des flux d’APD implique une dépendance accrue aux financements chinois, une adaptation aux nouvelles logiques d’investissement européennes et une perte nette des ressources américaines. Les programmes humanitaires et sociaux, historiquement soutenus par Washington, risquent d’être fragilisés, tandis que les grands projets d’infrastructures continueront de trouver preneur auprès de Pékin.
En 2026, l’Afrique se retrouve face à une équation complexe : compenser la baisse des financements américains, tirer parti des investissements européens et gérer la montée en puissance chinoise. Ce basculement stratégique redessine les équilibres du développement sur le continent et pose une question centrale : l’Afrique saura-t-elle transformer cette recomposition en opportunité, ou subira-t-elle une nouvelle dépendance ?
