À la gare routière Sitarail d’Ouagadougou, les commerçants burkinabè font face à une situation préoccupante suite à la suspension des exportations vivrières de la Côte d’Ivoire. La mesure, mise en place en janvier 2024 pour assurer la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire, a des répercussions directes sur les activités des commerçants, en particulier ceux spécialisés dans la vente d’attieké et de pâte de manioc.
Le marché, autrefois animé, montre aujourd’hui des signes de ralentissement, avec une clientèle en baisse et des difficultés d’écoulement des marchandises. La suspension des exportations impacte également les importateurs de pâte de manioc au Burkina Faso, avec des entrepôts presque vides et des camions bloqués à la frontière.
Nadège Ouoba, commerçante spécialisée dans la vente d’attieké, exprime son mécontentement, soulignant que la situation actuelle menace ses moyens de subsistance. D’autres commerçants partagent les mêmes inquiétudes, appelant à un rétablissement rapide de la situation pour assurer le déroulement normal de leurs activités.
Noufou Singa, président des importateurs de pâte de manioc au Burkina, confirme l’ampleur de l’impact, notant que des camions sont bloqués à la frontière depuis l’annonce de la décision ivoirienne. Il souligne la nécessité d’une réponse nationale, envisageant de renforcer la production nationale du manioc avec le soutien de l’État.
Certains commerçants envisagent de se tourner vers le Ghana comme alternative pour pallier la restriction. Ils soulignent également l’importance d’un protectionnisme intelligent pour développer l’économie locale, appelant l’État à soutenir la production agricole nationale et à encourager les investissements dans l’agroalimentaire.
Abel Somé, fervent défenseur du consommons burkinabè, plaide pour une révolution agricole au Burkina Faso, soulignant que l’État doit créer un environnement propice à l’investissement, tandis que les entrepreneurs sont appelés à s’impliquer dans la transformation des produits agricoles.