C’est désormais officiel : Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982, sera candidat à sa propre succession lors de l’élection présidentielle prévue en 2025. L’annonce a été faite ce samedi par le chef de l’État lui-même, lors d’un discours à l’occasion du 49e anniversaire de la création du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir.
Âgé de 91 ans, Paul Biya a affirmé que sa décision répond à un « appel du peuple » et à sa « volonté de préserver la stabilité et l’unité » du pays. « Je suis conscient des défis qui nous attendent, mais je reste déterminé à poursuivre l’œuvre entamée pour le développement et la paix », a-t-il déclaré devant une assemblée de cadres du parti réunis à Yaoundé.
Un leadership de plus de quatre décennies
Président depuis plus de 42 ans, Paul Biya est l’un des chefs d’État les plus anciens encore en fonction dans le monde. Sa longévité au pouvoir fait l’objet de nombreuses critiques, notamment de la part de l’opposition et d’une frange croissante de la société civile qui réclame une alternance politique.
L’annonce de sa candidature intervient dans un climat politique tendu, alors que le pays est toujours confronté à plusieurs crises : le conflit dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les défis sécuritaires dans l’Extrême-Nord liés à la présence de groupes armés, ainsi qu’une économie en difficulté face à l’inflation et au chômage.
L’opposition entre scepticisme et colère
L’opposition camerounaise n’a pas tardé à réagir. Plusieurs figures de l’opposition, à l’instar de Maurice Kamto du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme un « passage en force » d’un régime qui, selon eux, étouffe la démocratie.
« Le Cameroun mérite un renouveau politique, pas un éternel recommencement », a réagi sur X (anciennement Twitter) Cabral Libii, président du PCRN (Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale), en appelant à une large mobilisation en faveur du changement.
Des élections sous surveillance
À moins de trois mois du scrutin, cette annonce relance les interrogations sur les conditions de tenue des élections. Les précédents scrutins ont été régulièrement entachés d’irrégularités selon les observateurs nationaux et internationaux. Des voix s’élèvent déjà pour réclamer des réformes profondes du système électoral et des garanties d’un scrutin libre, équitable et transparent.
Malgré les critiques, Paul Biya conserve une base politique solide, notamment grâce à l’appareil du RDPC, omniprésent dans les institutions et l’administration.