La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, se trouve aujourd’hui confrontée à un choc commercial majeur après l’annonce par l’administration américaine d’une hausse des droits de douane pouvant atteindre 21 % sur ses exportations, cacao compris. Cette mesure, la plus élevée en Afrique de l’Ouest, s’inscrit dans une série de sanctions visant une cinquantaine de pays africains. Si elle est pour l’instant suspendue pendant 90 jours, elle inquiète déjà producteurs et autorités ivoiriennes. Le ministre de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, a averti que le pays pourrait répercuter cette hausse par une augmentation des prix ou des taxes à l’exportation, ce qui renchérirait le produit jusqu’au consommateur final.
Le cacao représente entre 15 % et 20 % du PIB ivoirien, et les États-Unis en importent chaque année entre 200 000 et 300 000 tonnes. La part des échanges avec Washington, estimée à environ 4 % des exportations totales, touche également le caoutchouc et l’anacarde. Sur le terrain, les producteurs constatent déjà un ralentissement des ventes et l’accumulation des stocks dans les entrepôts. Certains, comme Boss Diarra, coordinateur syndical, s’inquiètent : « À cause de cette taxe, les gens ne peuvent pas acheter nos produits. » D’autres redoutent que cette situation ne se cumule avec les difficultés climatiques qui ont déjà affaibli la récolte.
Face à cette menace, le gouvernement envisage de se tourner davantage vers l’Union européenne, un marché jugé plus stable et capable d’absorber les surplus, tout en accélérant les discussions pour diversifier ses débouchés. Cette réorientation intervient dans un contexte mondial tendu, marqué par une crise du cacao depuis 2024, conséquence de mauvaises récoltes dues au dérèglement climatique. Pour la filière ivoirienne, ce bras de fer avec les États-Unis représente à la fois un risque important et une opportunité stratégique pour repenser sa dépendance commerciale.