La société SNEDAI, dirigée par l’influent homme d’affaires Adama Bictogo, se retrouve au centre d’une nouvelle controverse financière. Suite à un audit rigoureux initié par le ministère des Finances, il a été découvert que SNEDAI doit 4 milliards de FCFA au Trésor public ivoirien. Ce montant représente la part de l’État sur les revenus générés par la fabrication des passeports, un marché détenu par l’entreprise.
Selon les révélations d’Africa Intelligence, cette somme aurait dû être reversée à l’État ivoirien, mais des irrégularités dans les transactions ont déclenché une enquête approfondie. Cet audit a déjà conduit à l’interrogation de plusieurs proches de M. Bictogo, y compris sa fille et deux de ses frères, pour éclaircir les zones d’ombre de cette affaire.
Les ministères de l’Intérieur et des Finances, dirigés respectivement par le général Vagondo Diomandé et Adama Coulibaly, supervisent l’enquête avec une attention particulière. Le président Alassane Ouattara, bien que tenu informé des développements, a choisi de ne pas intervenir directement pour l’instant.
Les responsables de SNEDAI ont reconnu la dette mais ont expliqué leur incapacité à payer par un détournement de fonds subi en 2023, d’une valeur de 5 milliards de FCFA. Cette affaire, actuellement en cours d’instruction, a déjà entraîné l’arrestation de plusieurs suspects.
Un rapport antérieur de la Cour des comptes de Côte d’Ivoire, publié fin 2023, avait déjà mis en lumière des anomalies financières, indiquant que seulement 792 000 FCFA avaient été versés à l’État pour les droits de timbre sur les cartes d’identité et les passeports. Ce rapport rappelle l’obligation légale de verser 20 000 FCFA par passeport à la comptabilité de l’État avant le 10 de chaque mois.
Face à ces accusations, SNEDAI a publié un communiqué début janvier 2024, affirmant avoir toujours respecté ses obligations financières envers l’État. Cependant, cette nouvelle controverse pourrait avoir des répercussions politiques, à quelques mois des élections présidentielles. Certains observateurs spéculent déjà sur une possible candidature d’Adama Bictogo à la présidence, si Alassane Ouattara décide de ne pas se représenter pour un quatrième mandat.