Selon une récente étude conduite par des chercheurs de l’Université de Stanford, l’introduction massive de l’intelligence artificielle générative, notamment depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, est déjà en train de redessiner le paysage de l’emploi aux États-Unis. Les jeunes travailleurs âgés de 22 à 25 ans en sont particulièrement affectés : l’étude révèle une baisse significative de 13 % de l’emploi dans les professions les plus exposées à l’automation.
Le recul est particulièrement frappant chez les développeurs de logiciels : leur nombre a chuté de près de 20 % par rapport au pic atteint fin 2022. En parallèle, des secteurs comme le service à la clientèle, la traduction ou la réception connaissent également des baisses sensibles. Ces changements s’opèrent de façon plus brutale encore que ceux observés durant la pandémie, lorsque le taux de chômage avait atteint 15 % à son pic.
Automatisation ou augmentation ? L’impact de l’IA dépend de son usage
L’étude souligne une divergence marquée selon la façon dont les entreprises intègrent l’IA dans leurs opérations. Lorsque celle-ci est utilisée pour augmenter le travail humain, les recrutements y progressent. En revanche, dans les entreprises où l’IA remplace purement et simplement les employés, l’embauche recule.
Une adaptation nécessaire
Ces chiffres ne sont pas une fatalité : certains secteurs moins exposés à l’IA, comme les soins ou l’éducation, voient au contraire leurs opportunités pour les jeunes se multiplier. Toutefois, les auteurs insistent sur la nécessité d’évaluer l’impact de l’IA selon les métiers, et de repenser les modalités de formation et de régulation.
Perspectives internationales : une évolution comparable ?
De nombreuses analyses mettent en lumière les effets différenciés de l’IA selon les professions. Le marché du travail tend vers une polarisation : les tâches administratives ou techniques sont de plus en plus automatisées, laissant la place à des emplois plus créatifs ou humains, souvent mieux rémunérés.
L’IA générative bouleverse déjà les professions dites « cols blancs » — comme le marketing, le droit ou la programmation — avec des projections selon lesquelles plus de la moitié des postes débutants pourraient disparaître dans les cinq prochaines années.
Quelle suite pour demain ?
Alors que les outils d’IA comme ChatGPT deviennent omniprésents dans la vie professionnelle, les jeunes diplômés se retrouvent à devoir naviguer dans un environnement incertain. Pour atténuer les risques, plusieurs pistes sont évoquées :
- Renforcer les programmes de reconversion et de formation continue, notamment dans les métiers créatifs, éducatifs ou de soin — davantage résistants à l’automation.
- Favoriser un cadre fiscal ou réglementaire qui encourage l’usage complémentaire de l’IA plutôt que sa substitution pure et simple.
- Adapter l’enseignement aux compétences du XXIᵉ siècle — pensée critique, créativité, maîtrise des outils numériques et capacité d’analyse approfondie.
L’étude de l’Université de Stanford démontre que l’intelligence artificielle n’est plus un enjeu futur, mais une réalité actuelle, qui bouleverse l’accès des jeunes au monde du travail, notamment dans les métiers automatisables. Face à cette transition, la réponse doit être collective, alliant politiques publiques, formation, régulation et adaptation des pratiques professionnelles, afin de transformer ce défi en opportunité pour une main-d’œuvre réinventée et résiliente.