James Mouangue Kobila, universitaire et président de la Commission nationale des droits de l’homme du Cameroun (CDHC), comparaît devant le tribunal de première instance de Yaoundé pour répondre à une plainte déposée par son ancienne cheffe de cabinet, Judith Espérance Nkouete Messah. Celle-ci l’accuse de « harcèlement sexuel », « outrage privé à la pudeur », « chantage », « menaces sous conditions », « blessures légères » et « diffamation », des chefs d’accusation qu’il conteste fermement.
Un conflit institutionnel et judiciaire
La plainte, déposée au début de 2024 au Tribunal de Première instance de Yaoundé, a donné lieu à plusieurs audiences (notamment les 6 février, 5 mars et prévue le 7 mai), auxquelles M. Kobila n’a pas assisté. De son côté, Judith Espérance a été licenciée de la CDHC fin février, immédiatement après avoir initié les poursuites contre lui, donnant lieu à une plainte en justice pour licenciement abusif.
Le président de la CDHC a riposté en déposant une plainte pour diffamation contre elle, affirmant que les accusations seraient motivées par des inimitiés politiques et une tentative d’échapper à des sanctions disciplinaires.
Appels à la transparence et à la suspension
Des organisations de la société civile camerounaise exigent la suspension immédiate de M. Kobila durant la durée de la procédure. Selon leurs revendications, le maintien à la tête de la CDHC, alors qu’il est lui-même visé par de graves accusations, menace l’intégrité de l’institution et la confiance du public.
Plusieurs ONG demandent également la fin des audiences à huis clos critiquées comme illégitimes , et appellent à des enquêtes indépendantes, à la protection des victimes et à garantir le droit à un procès équitable.
Une institution en péril
Cette affaire fragilise l’image de la CDHC, institution qui devrait incarner la défense des droits humains au Cameroun. Les défenseurs dénoncent une instrumentalisation du système judiciaire et un conflit d’intérêts flagrant.
En parallèle, des critiques pointent une judiciarisation croissante visant les défenseurs des droits humains, comme en témoigne le cas d’Alice Nkom, convoquée à plusieurs reprises par des instances militaires pour des motifs politiques.