Hier soir, mercredi 18 septembre 2024, à 19h, l’association des Français du Monde (ADFE) a organisé un apéro-débat captivant à La Fabrique Culturelle d’Abidjan, autour du thème : « L’Afrique est-elle encore le terrain de jeu des puissances occidentales ? ». La soirée a été brillamment ouverte par l’humoriste Clentélex, qui a su, dès les premiers instants, instaurer une ambiance conviviale avec des touches d’humour tout en introduisant les enjeux sérieux du débat à venir.
Venance Konan, journaliste, et Landry Kuyo, politologue, ont ensuite pris la parole pour aborder la question de l’influence des puissances occidentales et des nouveaux acteurs, comme les États de l’Est. Ils ont évoqué l’initiative « African Initiative » et la prolifération de plateformes médiatiques, marquant ainsi l’entrée de l’Afrique dans des conflits informationnels aux conséquences inquiétantes.
Le débat s’est ensuite concentré sur la désinformation en Afrique, avec une mise en garde contre la manipulation des populations jeunes, souvent les premières cibles de ces campagnes. Cette influence grandissante, notamment via les médias étrangers, a été identifiée comme une menace sérieuse pour la stabilité sociopolitique du continent.
Les participants ont eu l’opportunité de poser de nombreuses questions aux deux intervenants, permettant d’élargir les échanges sur des sujets tout aussi essentiels. Beaucoup de questions ont porté sur la responsabilité de l’Afrique et des Africains dans leur propre émancipation. Plusieurs intervenants ont mis en lumière la tendance de certains pays africains à rejeter la faute de leurs difficultés sur la France et l’Occident, tout en cherchant à s’éloigner de ces puissances pour s’allier à d’autres, notamment européennes.
D’autres questions ont soulevé le problème de la mauvaise gouvernance des dirigeants africains, accusés de perpétuer des systèmes de pouvoir autoritaires et corrompus, alimentant ainsi l’instabilité sur le continent. Le débat a également porté sur les pays de la région de l’Afrique de l’Est et du Sahel (AES), qui, en s’éloignant de la France, cherchent parfois des alliances avec d’autres puissances, reproduisant ainsi une dépendance aux acteurs étrangers.
Pour clôturer la soirée, Clentélex est revenu sur scène et a apporté une nouvelle touche d’humour, permettant aux participants de terminer cet apéro-débat intense sur une note légère et conviviale. L’échange s’est ensuite poursuivi autour d’un apéritif, où le public a pu discuter de manière informelle avec les intervenants.
Entretien avec Christophe Kassi, président de l’Association des Français du Monde (ADF Côte d’Ivoire)
A la fin de la soirée, le président de l’association des Français du Monde, Christophe Kassi, a répondu quelques questions concernant la teneur de l’événement.
Pourquoi avoir choisi de réunir aujourd’hui des Français et des Africains pour discuter des relations entre l’Afrique et l’Europe ?
_ « Il ne s’agit pas seulement de rassembler des Français et des Africains. Nous voulons réunir toute la société civile. D’ailleurs, aujourd’hui, il n’y avait pas que des Français et des Ivoiriens, mais aussi des Américains et d’autres nationalités. L’objectif est de discuter des problématiques propres à l’Afrique, et d’enrichir notre réflexion à travers les échanges avec les participants que vous avez vus aujourd’hui. »
Quels sont les enjeux de ces échanges ?
_ « L’enjeu, selon moi, est d’obtenir une meilleure compréhension. Nous nous posons beaucoup de questions sur Wagner, sur l’AES, et sur la situation au Sahel. Vont-ils arriver ici ? Jusqu’où cela ira-t-il ? Nous n’avons pas encore les réponses à ces questions. Une autre chose importante à mentionner : souvent, ce type de discussions se déroule dans les maquis, les restaurants ou les bars, autour d’un verre, et c’est très bien. Mais il y a peu de débats publics sur ces sujets en Côte d’Ivoire. Donc, notre initiative vise à organiser un espace de débat public et structuré, dans l’espoir d’obtenir des réponses. C’est dans ce sens que s’inscrit notre démarche. »
Ce Café du Monde a su poser des questions cruciales sur l’avenir du continent africain, tout en offrant un espace d’échanges nourris entre les participants.