Dans l’ombre des ruelles étroites de Sfax, en Tunisie, résonnent les voix étouffées de migrants noirs pris au piège d’un chaos indescriptible. Leur rêve de paix et de sécurité, brisé sur l’autel de l’intolérance et de l’injustice, laisse place à une détresse profonde, presque palpable. La douleur qui inonde leurs yeux est un reflet trop précis de la dure réalité qu’ils affrontent quotidiennement.
Vendredi dernier, ils se sont rassemblés par centaines dans un parc de la ville, criant silencieusement au monde une vérité que beaucoup refusent d’entendre : leur vie est devenue un champ de bataille. Un violent incident ayant entraîné la mort d’un Tunisien lors d’une altercation avec un migrant a provoqué une vague de violence aveugle, transformant leurs rêves de passage vers l’Europe en une véritable descente aux enfers.
Diallo Momoritano, un migrant guinéen, témoigne de leur réalité déchirante : »Nous ne sommes pas venus ici pour rester. Nous sommes venus ici juste pour passer… mais c’est impossible. » Sa voix se brise, et le désespoir perce. « On nous agresse. On nous chasse de chez nous. Ce n’est pas normal. »
Le cri de Momoritano est repris par l’ONG de défense des droits humains, Human Rights Watch (HRW). Vendredi, dans un appel vibrant, elle a imploré les autorités tunisiennes de mettre un terme aux « expulsions collectives » de ces hommes et femmes sans défense, abandonnés dans un désert impitoyable où l’humanité semble avoir déserté.
Les mots de Salsabil Chellali, directrice de HRW en Tunisie, tombent comme un glas : « Nous avons documenté des expulsions collectives de migrants africains noirs… Ils sont entre 500 et 700. Mais les forces de sécurité tunisiennes procèdent aussi à des expulsions du côté de l’Algérie. »
L’ONG Human Rights Watch évoque déjà plusieurs morts parmi les migrants subsahariens abandonnés à la frontière avec la Libye sans eau, ni nourriture, ni soins. Ils seraient aujourd’hui près de 500 sur place, dont des femmes et enfants.
Une situation catastrophique et inhumaine qui ne laisse heureusement pas indifférents certains tunisiens et tunisiennes qui dénoncent un « autoritarisme, isolement et renfermement sur soi » mais aussi
Ce constat est un coup de poignard dans le cœur de notre humanité. Il y a un besoin urgent, désespéré, de compassion et de changement. Ces voix solitaires appellent à une prise de conscience globale : nous devons arrêter de détourner le regard.
La situation en Tunisie n’est pas qu’une simple tragédie pour les migrants. C’est un miroir brisé de ce que nous devenons en tant qu’humanité. Elle nous oblige à nous demander si nous sommes prêts à fermer les yeux sur la souffrance d’autrui, ou si nous avons le courage de reconnaître que nous sommes tous connectés, et que le sort de ces migrants est intrinsèquement lié au nôtre.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons prêter attention à ces appels au secours. Il est temps d’agir, de faire preuve de solidarité et de compassion. Parce que lorsque l’humanité semble avoir « foutu le camp », c’est à nous tous de la ramener.