Abidjan, 24 Octobre 2023 – Un rapport récent intitulé “CHANTIERS DE LA LUTTE CONTRE LA CYBERCRIMINALITÉ EN CÔTE D’IVOIRE” a été publié, offrant un aperçu approfondi des défis et des solutions concernant la cybercriminalité en Côte d’Ivoire. Rédigé par Vladimir Aman, expert ivoirien renommé en cybersécurité, le rapport vise à éclairer les décideurs, les professionnels et le grand public sur les dangers du cyber espace et les moyens de les combattre.
Dans l’avant-propos, M. Aman souligne l’importance du numérique comme principal levier du projet d’émergence socio-économique de la Côte d’Ivoire. Cependant, avec l’adoption croissante de la digitalisation des services, le pays a également vu une montée de la cybercriminalité, nécessitant une intervention urgente. L’auteur, ayant servi à divers postes clés liés à la cybersécurité en Côte d’Ivoire, apporte une perspective unique et précieuse à ce sujet.
Un coût financier en constante augmentation
Entre 2009 et 2022, la cybercriminalité a engendré un préjudice financier direct de plus de 66 milliards de francs CFA (environ 100 millions d’euros). Mais ce chiffre alarmant ne reflète qu’une partie du problème. Si l’on prend en compte les coûts indirects, comme la perte de confiance des consommateurs et l’impact sur la réputation des entreprises, le tableau est encore plus sombre. Les établissements financiers, par exemple, ont déposé en moyenne trois plaintes par an auprès de la DPEF entre 2016 et 2018.
Les secteurs en première ligne
Les banques, les opérateurs de télécommunications, les entreprises de commerce électronique et les administrations publiques sont en première ligne face à ces attaques. La nature sensible des données qu’ils gèrent les rend particulièrement vulnérables, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour l’économie ivoirienne.
Faits marquants :
- Entre 2009 et 2022, le préjudice financier direct déclaré s’élève à plus de 65 milliards FCFA, soit une moyenne annuelle d’environ 5,5 milliards FCFA.
- Sur cette période, 30 029 dossiers de cybercriminalité ont été traités, soit une moyenne annuelle d’environ 2 304 dossiers.
- 1 418 suspects ont été interpellés pour des infractions liées à la cybercriminalité, dont 807 ont été déférés devant le parquet. Cela représente un taux d’interpellation d’environ 5% suite à une déclaration, et seulement 3% aboutissent à un défèrement.
- Moins de 5% des cas déclarés aboutissent à une présentation devant le parquet, et le taux de condamnations pourrait être inférieur à 2%.
- 82% des cyber infractions déclarées sont des escroqueries et des abus de confiance.
- Le nombre de cybercrimes signalés aux services de police a augmenté avec le temps, et cette tendance devrait se poursuivre.
- 54 établissements bancaires ont déclaré avoir été victimes de cyber infractions, aboutissant à 193 plaintes et un préjudice de plus de 27 milliards FCFA.
- Depuis 2020, le préjudice financier direct des cyberattaques contre les établissements financiers et bancaires est de plus de 5 milliards FCFA.
Des solutions pour un avenir numérique sécurisé
Face à la menace croissante, le gouvernement ivoirien a pris plusieurs initiatives importantes pour protéger ses citoyens et collecter des données depuis 2009 :
- Création de la Direction de l’Informatique et des Traces Technologiques : Un organisme chargé d’enquêter sur les crimes numériques.
- Organisation de la 1ère conférence régionale Africaine sur la cybersécurité.
- Mise en place du CSIRT national (CI-CERT).
Au regard de ce constat alarmant, Vladimir Aman propose des pistes d’action. La sensibilisation des utilisateurs est primordiale, tout comme le renforcement des capacités des forces de l’ordre. Une coopération internationale renforcée et une réglementation adaptée sont également nécessaires. Enfin, l’adoption d’outils technologiques avancés, notamment via des applications mobiles, pourrait grandement faciliter la détection des activités suspectes.
La Côte d’Ivoire est à un tournant. Face à la menace croissante de la cybercriminalité, des mesures concrètes et innovantes sont plus que jamais nécessaires. L’analyse souligne également des défis majeurs, tels que la dispersion et la non-centralisation des sources de données policières et l’imprécision dans l’évaluation du préjudice financier réel subi par les victimes. Une grande partie de l’impact financier des cyberattaques reste inconnue des acteurs clés.