La riposte mondiale contre le VIH connaît son « pire revers depuis des décennies » en raison d’une chute brutale des financements internationaux et d’un contexte de recul des droits humains, a alerté le mardi 25 novembre, l’ONUSIDA dans un rapport publié à l’approche de la Journée mondiale de lutte contre le sida 2025.
Selon l’ONUSIDA, l’aide extérieure consacrée à la santé pourrait diminuer de 30 à 40% en 2025 par rapport à 2023, d’après les projections de l’OCDE. Un recul qui touche particulièrement les pays à revenu faible et intermédiaire, où les services de prévention et de traitement sont déjà largement perturbés.
La directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a souligné que cette crise met en lumière « la fragilité des progrès si durement obtenus ». Elle s’est inquiétée des “bébés non dépistés”, des jeunes femmes privées de soutien et des communautés privées de services essentiels. « Nous ne pouvons pas les abandonner », a-t-elle plaidé.
Le rapport fait état d’une baisse des mises sous traitement dans 13 pays, de ruptures de stocks de kits de dépistage en Éthiopie et en RDC, ainsi que d’une forte diminution de la distribution de médicaments préventifs, notamment en Ouganda, au Burundi et au Viêt Nam. En Afrique subsaharienne, 450 000 femmes n’ont plus accès aux “mères référentes”, un pilier des services de prévention.
Les organisations communautaires sont également fragilisées, plus de 60 % d’entre elles déclarant avoir suspendu des services essentiels. L’ONUSIDA estime qu’en l’absence d’un rétablissement rapide des efforts de prévention, 3,3 millions de nouvelles infections supplémentaires pourraient survenir entre 2025 et 2030.
La situation est aggravée par un durcissement des législations visant les groupes les plus exposés au VIH. Le nombre de pays criminalisant les relations homosexuelles ou l’expression de genre a augmenté en 2025, tandis que 168 États criminalisent le travail du sexe et 152 la possession de drogues en petite quantité.
Face à ce recul, l’ONUSIDA appelle les dirigeants mondiaux à réaffirmer la solidarité internationale, à renforcer les financements, à investir dans l’innovation et à défendre les droits humains.
« Nous pouvons laisser ces chocs anéantir des décennies de progrès, ou nous unir pour mettre fin au sida. Des millions de vies dépendent des choix que nous faisons aujourd’hui », a affirmé Winnie Byanyima.
(AIP)
