Sommet mondial sur la pollution plastique : l’Afrique s’impose comme force de proposition à Genève

(FILES) This picture shows rubbish washed ashore next to homes beside a river mouth at a coastal village in Lhokseumawe, Indonesia's Aceh province on June 3, 2021. Negotiations on a global treaty to combat plastic pollution will resume on May 29, 2023, with nations under pressure to stem the tide of trash amid calls from campaigners to limit industry influence on the talks. Some 175 nations pledged last year to agree by 2024 a binding deal to end the pollution from largely fossil fuel-based plastics that is choking the environment and infiltrating the bodies of humans and animals. The May 29-June 2 talks in Paris are tasked with agreeing the first outline for actions that could form the basis of a draft negotiating text. (Photo by Azwar Ipank / AFP) / TO GO WITH Pakistan-environment-plastic,FEATURE by Joris Fioriti

Face à l’urgence écologique mondiale, les pays africains s’affirment en première ligne au sommet international sur la pollution plastique qui s’est ouvert ce mardi 5 août à Genève (Suisse), sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).

Alors que le continent ne représente qu’une part marginale de la production mondiale de plastique, il en subit pourtant les effets les plus dévastateurs tels que la pollution des cours d’eau, la dégradation des sols, la prolifération des déchets sauvages, ainsi que les impacts sanitaires croissants. Une situation qui renforce la détermination des États africains à défendre un traité ambitieux, équitable et juridiquement contraignant.

« L’Afrique ne veut pas être la décharge du monde », a lancé la ministre ghanéenne de l’Environnement, Cecilia Abena Dapaah, qui estime que ce traité sui sortira de Genève doit poser les bases d’un nouveau pacte mondial qui protège les ressources, les populations et l’avenir du continent.

Dans les débats, le bloc africain veut se montrer solidaire et structuré, en coordination avec des pays d’Asie et d’Amérique latine, pour exiger que le futur traité ne se limite pas à la gestion des déchets, mais inclue la réduction à la source de la production plastique, aujourd’hui dominée par quelques multinationales.

Des pays comme le Rwanda, le Kenya, le Maroc ou encore l’Afrique du Sud sont cités en exemple pour leurs politiques restrictives sur les plastiques à usage unique et leurs innovations fiscales vertes.

Présente à Genève avec une délégation conduite par le ministère de l’Environnement, la Côte d’Ivoire plaide pour une approche pragmatique, inclusive et tournée vers l’économie circulaire. Le pays, précurseur en Afrique de l’Ouest, avait interdit dès 2014 la production, l’importation, la commercialisation et l’usage des sachets plastiques non biodégradables.

« Le plastique n’est pas seulement un problème, il peut devenir une ressource à condition de structurer un écosystème local de collecte, de transformation et de valorisation », a affirmé un représentant ivoirien, appelant à des investissements ciblés dans les filières circulaires.

La Côte d’Ivoire a multiplié les initiatives comme la fabrication de pavés à partir de plastique recyclé, la sensibilisation en milieu scolaire, l’appui aux start-ups vertes. Elle milite également pour que le traité en négociation prévoie un mécanisme de financement dédié aux pays en développement, ainsi qu’un appui technologique pour moderniser leurs systèmes de gestion des déchets.

Le sommet de Genève, prévu jusqu’au samedi 9 août 2025, doit permettre d’esquisser un projet de texte préliminaire avant l’adoption d’un traité international attendu en 2026. Pour l’Afrique, l’enjeu est de taille, à savoir faire entendre ses priorités, valoriser ses solutions, et s’assurer que la gouvernance écologique mondiale ne se construise pas sans elle.

Pour la Côte d’Ivoire comme pour le continent, Genève doit marquer le point de départ d’une ère nouvelle, fondée sur la justice environnementale, la responsabilité partagée et l’innovation locale.

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