Un État insulaire du Pacifique, Nauru, se prépare à l’une des relocalisations les plus radicales du XXIᵉ siècle, face à une menace environnementale considérée comme imminente : la montée des eaux liée au réchauffement climatique.
Nauru, une petite république située au cœur de l’océan Pacifique, est composée d’un plateau peu élevé entouré d’un littoral vulnérable. À cause du réchauffement climatique et de la montée du niveau de la mer, jusqu’à 90 % de sa population devrait être déplacée vers des zones moins menacées. Leur territoire restant est souvent rendu inhabitable par l’exploitation minière du phosphate, qui a laissé 80 % du pays déboisé et impropre à toute occupation humaine.
Un financement original : la nationalité à vendre
Pour financer ce déménagement massif, le gouvernement de Nauru a lancé une opération unique au monde : la vente de « passeports dorés ». Pour la somme de 105 000 USD, des investisseurs peuvent acquérir la citoyenneté nauruan, et ainsi avoir accès à près de 90 pays sans visa, dont le Royaume‑Uni, l’Irlande ou les Émirats arabes unis.
Cette initiative vise à collecter les fonds nécessaires au processus de relocalisation des populations menacées. Le coût estimé de la première phase serait de plusieurs dizaines de millions de dollars.
Entre opportunité économique et controverse
Ce schéma suscite de nombreuses interrogations et critiques. D’anciens abus de ce type de passeport étaient dénoncés dès les années 2000, Nauru ayant déjà attribué alors sa nationalité à des individus liés à Al-Qaïda sans vérification approfondie. Les autorités insistent cette fois sur un contrôle renforcé des antécédents des demandeurs, mais les voix critiques alertent sur le risque de facilitation d’activités criminelles ou d’évasion fiscale.