Prêt en ligne via les applications mobiles : Alerte margouillat 2.0 !

Mobile money

Orange Bank Africa (Banque 100% numérique), lancé en 2020, a enregistré près de 600 000 clients en dix mois, et octroyés plus de 1 000 000 de prêts. L’entreprise a totalisé plus de 45 milliards FCFA de prêts et l’épargne collectée, rémunérée, s’établissait, elle, à plus de 1,3 milliards FCFA à la mi-2021. Ces chiffres de Orange Bank Africa montrent à suffisance que le secteur des micro-prêts peut être un outil puissant pour aider les personnes à faible revenu à accéder aux services financiers, et peut générer énormément de bénéfice.

Face à une telle attractivité, plusieurs acteurs commencent à imiter ce modèle des néobanques, une sorte de banque en ligne, issue du numérique, qui proposent des services bancaires, classiques ou innovants, souvent à coûts réduits par rapport aux banques traditionnelles. Cependant, certaines structures illégales s’illustrent dans le milieu avec des pratiques douteuses qui peuvent nuire à leurs souscripteurs. Coup de projecteur sur un nouveau modèle de micro-prêt qui promet des crédits de plus en plus faciles d’accès.

Billet de banque en franc CFA XOF
Billet de banque en franc CFA

Easy Cash, Le Prêt Prêt, Prêt Rapide, HiPrêt, Prêt Facile, Prêt Equitable, etc. Par leurs activités d’octroi de micro-prêts conçus pour un public souvent exclus des circuits bancaires traditionnels, on pourrait penser que ces sociétés s’inspirent du modèle de Orange Bank. Elles sont apparues ces derniers mois sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, et d’autres réseaux, les publicités vantant aux internautes les services de prêts rapides et à moindre coût rivalisent les unes contre les autres.

Qu’en est-il de ces applications en vrai ? Servent-elles vraiment dépanner ? À quel prix ? Qu’en pensent les usagers ? Est-ce un business légal ? Que dit le gouvernement ?

Afin de trouver réponses à toutes ces interrogations, nous nous sommes tournés vers les principaux acteurs de ce secteur d’activité. À savoir, les prêteurs, les emprunteurs et les services chargés de la réglementation.

Quel est le business plan derrière ces sociétés virtuelles ?

À ce niveau, plusieurs questions se posent. Quel est le modèle économique de ces entreprises ? D’où vient l’argent des prêts ? Disposent-elles de toutes les autorisations nécessaires pour ce genre de business ?
Autant de questions auxquels cet article ne répondra malheureusement pas. En effet, malgré nos nombreuses tentatives, nous n’avons pas réussi à joindre les structures de micro-prêts en question pour obtenir leur version des faits. Sites internet bidons, numéros de téléphones incomplets, téléphones qui sonnent dans le vide, adresses e-mail introuvables, mails qui restent sans réponse et sièges introuvables ont sanctionné plusieurs jours de recherches. C’est à croire que les promoteurs de ces logiciels ne tiennent pas vraiment à se faire connaître autrement que via leurs applications.

Dépannage rapide ou véritable arnaque ?

Selon la plupart des personnes ayant utilisé ces applications, il s’agit d’une véritable arnaque. Certains disent avoir payé plus de la moitié de la somme reçue sous forme de taux d’intérêt après avoir emprunté. Pour d’autres, ils ont reçu de l’argent sur leur compte, simplement en essayant de « voir si ça fonctionne vraiment », sans avoir eu à confirmer leur demande. Impossible ensuite de joindre les prêteurs pour leur demander de reprendre leur argent. Si vous décidez de ne pas payer, les promoteurs de l’application, qui ont accès au contenu de votre téléphone une fois leur application installée, contactent vos proches pour vous mettre la pression.

« Dès que j’ai voulu essayer de parcourir l’application, sans rien valider on m’envoie un dépôt avec un montant que je n’ai pas demandé, avec un délai de remboursement très court et un taux d’intérêt très élevé. Je ne sais même pas comment faire pour rembourser leur argent et désinstaller cette application. Pur arnaque. N’essayez pas », observe P. Croix

« C’est un site d’arnaque à éviter absolument. Il se permet d’entrer dans votre répertoire, de fouiller dans votre vie et d’en faire ce qu’ils veulent. Envoyer des textos à vos correspondants, les appeler pour vous dénigrer. Un site à éviter », a écrit O. Kouassi.

« Cette application est vraiment de l’arnaque. Non seulement les frais de services sont élevés (4792 FCFA), le délai est court pour le remboursement. Et pour le prolongement de la date à une date ultérieure, il y a encore des frais qui vont jusqu’à 9000 FCFA. Tout ça pour une histoire de 14000 FCFA empruntés », déplore P. Achi.

Que pensent les autorités de ces prêts en ligne via les applications mobiles?

Dans un communiqué publié le mardi 8 août dernier, l’Autorité de régulation des télécommunications et TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI) mettait en garde contre les risques liés à l’utilisation de ces applications, notamment en ce qui concerne la protection des données personnelles et la sécurité financière.

Siège ARTCI

L’Autorité explique que “l’utilisation desdites applications comporte des risques et menaces sur les données personnelles et la vie privée des populations” et que “ces applications qui collectent des données personnelles n’ont fait l’objet d’aucunes autorisations de traitement de données personnelles”. Tout en invitant les entreprises propriétaires de telles applications à se rapprocher de ses services compétents pour se mettre en conformité avec la loi relative à la protection des données à caractère personnel, l’ARTCI a rappelé également aux consommateurs qu’ils disposent des droits et des recours en cas de problème avec un prêt en ligne.

En conclusion, on pourrait noter qu’en Afrique, les néobanques sont en train de se développer rapidement. Selon un rapport de BPC Banking Technologies et Fincog, en 2021, l’Afrique comptait environ 21 banques numériques servant plus de 18 millions de clients. 80% de ces néobanques sont concentrées en Afrique du Sud et au Nigeria.

Il reste toutefois recommander de rester prudent face à cette nouvelle forme de financement relativement nouvelle en Afrique francophone. Alors qu’elles visent à ouvrir de nouvelles perspectives pour ses utilisateurs, les néobanques pourraient constituer un nouveau terrain de jeu pour les cybercriminels.

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