Municipales 2023 à Abobo : Que valent les candidats en lice ?

Ils sont quatre. Une femme et trois hommes, portant chacun une liste communale. Depuis ce mardi 1er août, la Commission électorale indépendante a rendu publics les concurrents dans la course pour Abobo. Cette commune (comme Yopougon et Cocody) sera l’objet de tous les regards. Kandia Camara, Tehfour Koné, Israël Guébo, Mangoné Bi. Qui sont-ils ? Que valent-ils ? Quelles sont leurs forces et leurs faiblesses ? Panorama sur des candidats décidés à tout donner pour conquérir les 460 000 électeurs d’Abobo.

Portrait Express. Ministre des affaires étrangères, femme d’influence au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix, fidèle de chez fidèle du président Alassane Ouattara. Agée de 64 ans, elle est l’actuelle maire par intérim depuis Juillet 2021, après le décès de l’ex-premier ministre Hamed Bakayoko.

Atouts : Madame Kamissoko embarque avec elle, non seulement la machine de son parti mais aussi les moyens énormes. Abobo est une zone stratégique pour le pouvoir en place. Tous les moyens lui seront donnés pour que cette zone de 1,3 million d’habitants ne lui échappe pas. Elle est l’actuelle maire sortante. Elle connaît les “rouages” et les grands projets notamment dans le cadre du PUCA (Plan d’urgence pour la commune d’Abobo), qui peuvent être comptabilisés dans son bilan.

Défi : Le reproche qui lui est fait, est qu’elle est absente de la commune. Trop absorbée par les fonctions aux affaires étrangères et dans les activités du parti. La dégradation des routes, les conditions de vie de plus en plus précaires des populations sont autant de taches noires sur le bilan de la maire sortante.

Les populations lui reprochent son éloignement des réalités d’Abobo et sa méconnaissance des besoins des populations.

Pour ces élections, elle devra non seulement convaincre qu’elle n’est pas parachutée, mais aussi qu’elle pourrait améliorer l’état de la commune.

Portrait Express. Instituteur et ancien député, c’est un très proche de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. C’est un visage bien connu dans la commune pour avoir été le principal rival de feu Hamed Bakayoko, lors des élections municipales de 2018. On se souvient de son slogan « On Tchoun pas Abobo » pour dénoncer le fait qu’il ne fallait pas “vendre” la commune à des personnes qui n’y sont pas et qui n’ont aucun lien.

Atouts : Koné Tehfour a encore de nombreux sympathisants sur le terrain. En plus d’être bien connu, c’est un fils de la commune, il y vit depuis longtemps et y a bâti sa maison. Il connaît donc les réalités de la circonscription.

Pour ces élections, Tehfour a bénéficié d’un adoubement du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire avec l’onction de Henri Konan Bédié quelques semaines avant sa mort. Même si cela suscite la grogne et entraîne des risques de fractures voire de frictions internes, une grande partie des partisans du PDCI suivront la consigne et le soutiendront. C’est un plus.

En plus, bien qu’il concoure sous l’étiquette d’indépendant, nul doute qu’il bénéficiera du soutien (financier) même dans l’ombre de son mentor Guillaume Soro.

Défi : Ces dernières années, Tehfour Koné n’a plus été très présent sur le terrain. Sa côte de popularité s’est un peu érodée.

En plus, ses déboires avec le pouvoir en place et ses longs séjours en prison l’ont éloigné du terrain social et politique d’Abobo, laissant de la place à d’autres. Peu ou pas d’actions sociales envers les populations. D’ailleurs, dans ses discours actuels, il met en avant ce qu’il avait fait avant la campagne de 2018 : “7 000 bons de permis de conduire à des jeunes, opération de 1027 personnes atteintes de la hernie (…) la réhabilitation de la bibliothèque du groupe scolaire école Nord”. Mais cela semble lointain pour de nombreuses populations interrogées.

Il devra convaincre les électeurs qu’il est encore un atout pour la commune.

La presse le qualifie “d’Ovni” dans l’arène politique. Mais c’est un visage célèbre en Côte d’Ivoire dans le monde des médias, de la communication et du digital. Entrepreneur, formateur, écrivain, Israël Guébo, 41 ans, a aussi à son actif plusieurs années d’engagement citoyen, social et communautaire dans le pays et particulièrement à Abobo, le quartier qui l’a vu grandir.

Ses atouts. Israël Guébo revendique être un enfant de la commune. Il le répète à qui veut l’entendre qu’il est “Abobolais de cœur, de corps, d’âme et d’esprit” avant de rappeler avoir fait la maternelle, l’école primaire, le collège, la cité universitaire. Abobo et les Guébo c’est une affaire de génération depuis les années 70 jusqu’à ce jour.

Le candidat indépendant qui court sous les couleurs de “Abobo Connexion”, son “mouvement solidaire”, connaît bien la cité. Depuis 6 années, il parcourt toutes les zones à travers des actions sociales allant de la formation et l’insertion des jeunes à l’accompagnement des femmes, aux consultations médicales gratuites, etc. Quand on l’interroge sur ses forces, il répond : “J’ai un bilan. Il est positif. (…) Imaginez ce que je peux faire à une plus grande échelle si je suis élu maire”.

À cela s’ajoute que c’est un As de la com et du digital, ce qui est un atout non négligeable dans une commune où il devra rendre visible sa vision via le numérique mais aussi avoir une bonne stratégie de communication sur le terrain.

Défi : En plus d’être un novice dans le jeu politique, Israël Guébo n’a pas de machine avec lui. Même s’il se défend d’avoir une grande partie de la population acquise à sa vision, il ne dispose pas des mêmes moyens que les partis politiques. Pour preuves, malgré ses nombreuses actions visibles sur les réseaux sociaux, elles sont quasiment absentes des médias. On le sait, être indépendant c’est compter sur ses propres moyens et cela peut être handicapant. Or une campagne électorale, ça coûte.

Guébo devra trouver la force et les moyens de mener une campagne à la dimension de ses ambitions. Il lui faudra dénicher des appuis.

Il est l’actuel Secrétaire Général Adjoint du PPA-CI (le parti de Laurent Gbagbo) en charge de l’Économie, le Commerce et l’Industrie. Son nom a commencé à être visible dans les années 2021 avec l’ONG qu’il a fondée et qu’il préside : “Abobo Vision Nouvelle”. Plusieurs actions dans la commune marquées par des dons, des opérations de nettoyage des rues, etc.

Atouts : Être du Parti de Laurent Gbagbo c’est bénéficier de son aura et de son nom. Mangoné Bi le sait. Les sympathisants de la Commune d’Abobo le suivront pour lui pour le mentor du parti. C’est un avantage non négligeable, d’autant plus que depuis 10 ans, les GOR (Gbagbo ou rien) se sont abstenus de voter tant qu’il était en prison et/ou en exil. Cette élection leur donne l’occasion de marquer leur appartenance à Gbagbo. Le candidat du PPA-Ci à Abobo saura donc compter sur l’apport financier et de mobilisation de son parti lors de la campagne.

Défi : Même au sein des partisans de la gauche à Abobo, nombreux sont ceux qui ne connaissent pas Mangoné Bi. Il devra mettre les bouchées doubles pendant la campagne pour à la fois se faire connaître mais aussi expliciter son programme en dehors d’être “soutenu par Laurent Gbagbo”.

La candidature de Mangoné tombe à un moment donné où la gauche ivoirienne est en morceaux. Éparpillée entre le FPI d’Affi N’guessan, le PPA-CI de Laurent Gbagbo, le MGC de Simone Gbagbo, le COJEP de Charles Blé Goudé et Lider de Mamadou Koulibaly. Les guerres internes sont à son désavantage. Plusieurs militants pourraient porter leur choix par défaut ou par dépit sur un autre candidat indépendant (?) pour montrer leur détachement à l’un ou l’autre camp.

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