Mali : Grève des Banques et Appel à Manifester de l’Opposition, une Situation à Haut Risque

Au Mali, la situation sociale et politique s’envenime alors que la grève des banques se poursuit. Le jeudi 6 juin, le Synabef, syndicat des banques et assurances du Mali, a initié un mouvement de grève massivement suivi pour protester contre l’emprisonnement de son secrétaire général, Hamadoun Bah. Ce dernier, également numéro deux de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la plus grande centrale syndicale du pays, a été incarcéré mercredi.

Dans ce climat de forte tension, l’opposition appelle à manifester contre les difficultés économiques et, plus largement, contre le régime de transition en place. La Synergie d’action pour le Mali, une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile, a donné rendez-vous à ses partisans à 14 heures, place de la Liberté, devant la mairie de Bamako. Leur mot d’ordre : protester contre les délestages et la vie chère, deux fléaux qui minent le quotidien des Maliens.

Les responsables de la Synergie d’action pour le Mali ne cachent pas leurs intentions. Ils souhaitent initier un sursaut citoyen et augmenter la pression contre les autorités de transition, qu’ils jugent “illégales et illégitimes”. Cependant, la crainte de répression pèse lourdement sur cette mobilisation.

Au Mali, les activités politiques des partis et associations sont officiellement interdites, et de nombreuses procédures pour “atteinte à la sécurité de l’État” sont lancées contre les voix critiques. Seuls les étudiants de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) ont osé organiser quelques actions ces dernières semaines, bien que de manière très limitée. Actuellement, plus d’une vingtaine d’étudiants sont détenus par la Sécurité d’État sans cadre judiciaire.

Récemment, les habitants de Boni, dans le centre du Mali, ont pu manifester contre le blocus jihadiste qui frappe leur ville. Toutefois, cette mobilisation, loin de Bamako et sans visée de renverser le régime, n’a pas eu le même impact.

L’opposition malienne est également fragilisée par l’exil de plusieurs de ses figures de proue. “À cause du danger, il n’y aura peut-être pas beaucoup de monde, mais nous voulons donner le ton. Moi, je serai présent et je me suis préparé pour les conséquences,” confie un cadre de la Synergie d’action pour le Mali.

Ce vendredi, un autre rassemblement était prévu pour célébrer le troisième anniversaire de l’investiture du Président de transition, le colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le coup d’État d’août 2020. Cependant, le Collectif pour la défense des militaires (CDM) a annulé l’événement en raison de “la situation qui prévaut”.

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