Dans la bataille incessante contre la corruption en Afrique subsaharienne, les résultats sont mitigés selon l’édition 2023 de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) publié par Transparency International ce mardi 30 janvier. Malgré quelques améliorations dans certains pays, la région reste confrontée à des défis tenaces qui compromettent la justice, la démocratie et le développement économique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec un score moyen de 33 sur 100, l’Afrique subsaharienne maintient une performance globalement faible en matière de lutte contre la corruption. Sur les 49 pays de la région, 90% ont obtenu un score inférieur à 50, signalant une longue route à parcourir dans la lutte contre ce fléau.
Malgré la reconnaissance de la corruption comme l’un des problèmes les plus pressants par les citoyens africains, les progrès demeurent lents. Les Seychelles, avec un score de 71, se distinguent comme le pays le mieux classé, suivi du Cap-Vert (64) et du Botswana (59). En revanche, des pays comme la Guinée équatoriale, le Soudan du Sud et la Somalie peinent à montrer des signes d’amélioration, avec des scores particulièrement bas de 17, 13 et 11 respectivement.

La corruption ne se limite pas à des chiffres abstraits ; elle affecte directement les populations les plus vulnérables. En dépit d’un taux de croissance économique de 3,3% en 2023, près de 462 millions de personnes en Afrique subsaharienne vivent dans l’extrême pauvreté. Les ressources détournées par la corruption et les flux financiers illicites privent ces populations d’un accès adéquat aux services publics essentiels, perpétuant ainsi le cycle de la pauvreté.
Les défis de la corruption vont au-delà de l’économie, ils menacent également la démocratie. Des cas de détournement de la justice, d’ingérence politique et même de coups d’État anticonstitutionnels ont été signalés dans plusieurs pays de la région. Ces événements sapent la confiance des citoyens dans les institutions et entravent le progrès démocratique.
Pourtant, il y a des lueurs d’espoir. Certains pays ont fait des progrès significatifs dans leur lutte contre la corruption. Les Seychelles et l’Angola, par exemple, ont enregistré des améliorations notables grâce à des mesures telles que la récupération d’actifs volés et la poursuite des responsables présumés devant la justice.
En Côte d’Ivoire, les réformes entreprises ces dernières années ont contribué à une amélioration progressive de la situation. La création d’une autorité nationale de lutte contre la corruption, l’obligation pour les hauts fonctionnaires de déclarer leurs avoirs et d’autres mesures ont renforcé la transparence et la responsabilité.
Cependant, malgré ces progrès, il reste encore beaucoup à faire. L’impunité pour les actes de corruption, le manque d’accès à la justice et les restrictions à l’espace civique continuent de compromettre l’état de droit dans la région.
Face à ces défis, une action concertée est nécessaire. Les gouvernements, la société civile et la communauté internationale doivent unir leurs forces pour renforcer les institutions, promouvoir la transparence et tenir les responsables de la corruption pour responsables de leurs actes, recommande Transparency International.