Au Turkménistan, un spectacle naturel connu dans le monde entier est en train de disparaître. Le célèbre cratère de Darvaza, surnommé les « Portes de l’Enfer », brûle depuis plus d’un demi-siècle au milieu du désert de Karakoum. Mais, selon les autorités turkmènes, les flammes s’affaiblissent nettement et pourraient bientôt s’éteindre.
Ce gouffre de 70 mètres de diamètre et d’une vingtaine de mètres de profondeur est apparu en 1971, lorsqu’un forage soviétique a percé une poche de gaz naturel. Le sol s’est effondré, créant un grand trou d’où s’échappait du méthane. Pour éviter une fuite toxique, les scientifiques ont allumé le gaz, pensant que le feu s’éteindrait en quelques jours. Mais il a continué à brûler sans interruption pendant plus de 50 ans.

Cette immense torche en plein désert est devenue une attraction touristique majeure. Des visiteurs du monde entier se rendaient dans cette région reculée pour admirer le brasier de nuit. Mais ce phénomène a aussi un coût environnemental important : le méthane, gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone, s’échappe en grande quantité. Une étude estime que, depuis sa formation, le cratère a relâché l’équivalent de 3,8 millions de tonnes de méthane, soit 52,8 térawattheures d’énergie perdue.
En 2022, le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov a ordonné l’extinction du brasier, invoquant la nécessité de protéger l’environnement, la santé publique et de récupérer ces ressources énergétiques. Mais éteindre Darvaza reste un défi technique : le gaz provient de plusieurs poches souterraines fracturées, difficiles à atteindre.
Si la fin des « Portes de l’Enfer » est une victoire pour le climat, elle inquiète les habitants et les guides locaux qui redoutent de perdre une source importante de revenus touristiques. Ce monument naturel, à la fois fascinant et dangereux, pourrait bientôt n’être plus qu’un souvenir.